Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mitié me conduirait chez vous si je pouvais remuer. Je me flatte que si vous sortez ce matin, vous viendrez égayer les mânes de Mme de Fontaine-Martel, et me soulager de mon insomnie.


1479. — À LA REINE DE PRUSSE[1].
Paris.

Madame, Son Altesse royale madame la margrave de Baireuth m’ayant fait l’honneur de m’avertir que Votre Majesté souhaitait de voir cette tragédie de Mahomet, dont le roi a une copie, je n’ai songé, depuis ce moment, qu’à la corriger, pour la rendre moins indigne des attentions de Votre Majesté ; et, après l’avoir retravaillée avec tous les soins dont je suis capable, je l’ai adressée à M. de Raesfeld, envoyé de votre cour à la Haye, afin qu’elle parvînt à Votre Majesté avec sûreté et promptitude.

Je cherche moins peut-être à obéir à une reine qu’à mériter, si je puis, le suffrage d’un excellent juge. Il n’est pas étonnant qu’on n’ait pas d’autre envie que celle de plaire à Votre Majesté, dès qu’on a eu le bonheur de l’approcher. Mon zèle pour elle sera aussi durable que mes regrets. Berlin est le séjour de la politesse et des arts, comme la Silésie est celui de la gloire. Puisse Votre Majesté faire longtemps l’ornement de l’Allemagne, et puisse le roi, qui en fait le destin, jouir, auprès de vous, de tout le bonheur qu’il mérite

Je suis avec un très-profond respect, etc.

Voltaire.

1480. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Cirey, ce 21 décembre.

Soleil, pâle flambeau de nos tristes hivers,
Toi qui de ce monde es le père,
Et qu’on a cru longtemps le père des bons vers,
Malgré tous les mauvais que chaque jour voit faire ;
Soleil, par quel cruel destin
Faut-il que dans ce mois, où l’an touche à sa fin,
Tant de vastes degrés t’éloignent de Berlin ?

  1. Les expressions dont Voltaire se sert à la fin de cette lettre me font croire qu’elle a été adressée à Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbuttel, femme de Frédéric, mariée en 1733, morte en 1797, et non à Sophie-Dorothée de Hanovre, sa mère. (B.)