Pourquoi à Étampes, monsieur ? Pourquoi n’ai-je pas le bonheur de vous dire à Paris combien je vous aime, et à quel point je suis dévoué à monsieur votre frère ? J’ai entonné la trompette de ses louanges avec une voix animée par la reconnaissance et par la justice. Mon voyage, qui m’a mis à portée de connaître son mérite, m’a mis aussi à portée, pour un moment, d’oser dire combien ce mérite est nécessaire dans le pays où il est, et quelles distinctions il mérite dans ce pays-ci. Il est plus à portée que jamais d’obtenir, par de nouveaux services, ce qu’on doit déjà aux anciens. Pour moi, monsieur, qui ne dois qu’au hasard d’un voyage le bonheur d’avoir vu de près ce qu’il vaut, et celui de pouvoir en rendre compte, j’ai saisi avec ardeur l’occasion qui s’est naturellement offerte. Vous savez que tout voyageur aime à parler mais on ne peut pas me dire ici : A beau mentir qui vient de loin.
J’ai eu l’honneur de lui écrire ces jours-ci. Vous avez en moi l’un et l’autre, monsieur, un serviteur acquis pour la vie. Comptez, je vous en conjure, sur la passion respectueuse avec laquelle je suis dévoué à toute votre aimable famille.
La peau de ce guerrier fameux
Qui parut encor redoutable
- ↑ Cette lettre, dans le tome II des Mémoires de Valori, et dans le recueil de Lettres inédites publiées par P. Dupont, est datée du 28 octobre ; mais c’est une erreur de copiste. L’abbé de Valori, absent de Lille au mois de novembre 1743, quand Voltaire traversa cette ville pour se rendre à Versailles, était alors à Étampes ou aux environs. Dans la Notice qui précède les Mémoires de l’ambassadeur Valori, il est question d’une terre possédée par celui-ci près d’Étampes. C’était sans doute le château de Bourgneuf, commune de Rochefort, où Voltaire alla plus d’une fois visiter la famille Valori, de 1744 à 1750, et où l’on voyait autrefois un tableau représentant le prince royal (depuis Frédéric II) avec sa mère et toute la famille de Prusse. (Cl.)
grâce, en septembre ou octobre 1743, à Frédéric, et qu’il cite dans ses Memoires. Ce malheureux, enfermé à Spandau en 1730 pour avoir pris part à un complot de désertion, ne fut relâché que le 7 juillet 1749. Les dominicains de Halberstadt le recueillirent.