Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/321

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que ceci lui plaise ; mais j’ai peur d’avoir raison de lui dire :

Que vous êtes heureux de ne nous jamais lire[1] !

J’attends ma Princesse, et je me recommande à vos bontés.


1671. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Cirey, le 25 août.

Deux nouveaux divertissements, qui peut-être ne vous divertiront guère, mes anges gardiens, partent dans le moment, sous le couvert de M. le président Hénault. Eh bien ! je vous ai sacrifié Vénus, et la pomme, et Pâris, et les galanteries que tout cela produisait. Voyez, jugez, écrivez-moi. Vous êtes d’étranges anges de ne pouvoir venir à Cirey, où on fait des drames, et où l’on voit Jupiter et ses satellites tous les soirs. Vous passeriez tout le jour dans votre chambre, et, le soir, on vous lirait la besogne du jour ; mais vous êtes des mondains, mes anges wous ne connaissez pas les charmes de la retraite. Je baise vos ailes.


1672. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Cirey, août.

Je vous supplie, mes saints anges, de considérer que M. de Richelieu aurait voulu que l’ouvrage eût été fait avant son départ, et qu’en moins de quinze jours j’ai fait deux actes et ces deux divertissements. Il ne faut donc regarder tout ce que j’ai broché que comme une esquisse dessinée avec du charbon sur le mur d’une hôtellerie où on couche une nuit. Je n’ai jamais prétendu que la comédie restât comme elle est ; je prétends seulement que les divertissements du premier acte demeurent. Ils me paraissent devoir faire un spectacle charmant. J’ai déjà fait tenir à M. le duc de Richelieu le second acte ; mais je lui mande bien positivement que tout cela n’est qu’une ébauche. Il veut absolument du burlesque ; j’ai eu beaucoup de peine à obtenir qu’il n’y eût point d’Arlequin. À l’égard de Sanchette, elle n’est qu’une pierre d’attente. Il y faut mettre Mme Morillo, parce qu’il faut une personne ridicule, qui occasionne des méprises et des jeux de théâtre ; mais, je vous en prie, prêtez-vous un peu plus

  1. Voyez, tome IX, les variantes du poëme Sur les Événements de l’année 1744.