parlé d’Antoine dans le sénat ; c’est mettre Roi dans la balance avec l’Académie, c’est l’égaler à elle, c’est la rabaisser à lui. Ah ! divins anges ! c’est trop d’honneur pour ce faquin ; ne le souffrez pas, élevez-vous de toute votre force qu’il ne soit pas dit qu’un homme aussi aimahle que l’abbé de Bernis ait paru se plaindre tendrement de Roi, au nom de l’Académie. Il n’en faut parler qu’avec mépris, avec horreur, ou s’en taire. C’est mon avis à jamais. Bonsoir, mes deux anges.
J’ai l’honneur de vous renvoyer, monseigneur, les armes que vous m’avez mises en main, et qui ne valent pas celles de vos trois cent mille hommes. J’y joins mon thème[1], que je vous supplie de corriger à votre loisir.
Vous me faites un petit abbé de Saint-Pierre. J’en ai les bonnes intentions : c’est tout ce que vous trouverez, dans cette ébauche, qui puisse mériter votre suffrage. Pardonnez-moi si vous ne me trouvez que bon citoyen, et soyez sûr qu’il n’y en a point qui attende de vous de plus grandes choses, quand je vous en donne de si petites. Je suis pétri pour vous d’attachement, de respect et de reconnaissance.
Mme du Châtelet vous aime de tout son cœur.
Vous avez trop de bonté pour ce pauvre avocat[2], et vous empêcherez bien, monseigneur, qu’il ne soit l’avocat des causes
- ↑ Il s’agissait sans doute de la rédaction de quelque pièce diplomatique. Depuis l’entrée du comte d’Argenson au ministère de la guerre, Voltaire ne cessa de correspondre avec lui relativement aux matières du ressort de ce département, et, quand le marquis d’Argenson remplaça Amelot, le premier soin du nouveau ministre fut, comme le dit M. René d’Argenson, « de s’associer à son frère dans les récompenses à décerner à leur ami commun » (Cl.)
- ↑ Voltaire, que MM. d’Argenson chargeaient de rédiger des mémoires diplomatiques, des manifestes, etc. voyez tome XXIII, pages 197, 199, 203.