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P. S. J’apprends que tous ces écrits, qui par parenthèse sont de faibles armes quand on est battu, pour donner l’exclusion au grand-duc[1], ne font point un bon effet en Allemagne. On y sent trop que ce sont des Français qui parlent. Il me semble qu’un air plus impartial réussirait mieux, et qu’un bon Allemand qui déplorerait de tout son cœur les calamités de sa pesante patrie ferait une impression tout autre sur les esprits. Pardon ; je soumets mon petit doute à vos lumières, et je vous rends compte simplement de ce qu’on m’écrit.

Il ne m’est rien revenu de mon correspondant qu’une prière du roi de Prusse à la reine de Hongrie de ne point prendre ses vaisseaux sur l’Elbe. Ses vaisseaux sont des bateaux ; mais gare que le roi de Prusse ne fasse d’autres prières !


1716. — DE VAUVENARGUES.
À Aix, ce 30 avril 1745.

Je ne vous dirai pas, monsieur, sic raro scribis, etc. ; mais j’irai vous demander réponse de vive voix : cela vaudra mieux. Recevez cependant ici mes compliments sincères sur les grâces que le roi vous a faites. Je désire, monsieur, qu’il fasse encore beaucoup d’autres choses qui méritent d’être louées, afin que votre reconnaissance honore toujours la vérité. Vous me permettez bien de prendre cet intérêt à votre gloire.

Je suis bien aise d’avoir parlé comme Horace pensait quelquefois. Je vous prie cependant de croire, quoique ce soit une chose honteuse à avouer, que je ne pense pas toujours comme je parle. Après cette petite précaution, je crois que je puis recevoir les louanges que vous me donnez sur l’amitié. Celle que je prends la liberté, monsieur, d’avoir pour vous, me rendra digne un jour de votre estime.

Vauvenargues.

1717. — À M. LE MARQUIS DE VALORI[2].
À Paris, le 1er mai 1745.

Vous achevez mon bonheur, monsieur, par l’intérêt que vous daignez y prendre ; c’est le comble de la séduction de parler le langage de la poésie, pour me rendre encore plus sensible aux grâces que le roi m’a faites.

Modeste et généreux, Louis nous fait chérir
Et sa personne et son empire.

  1. Voyez page 344.
  2. Voyez, tome XXXIV, une note de la lettre 1152.