Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/376

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pas un petit monument. Je souhaite que l’ouvrage ne soit pas médiocre, puisqu’il a été honoré de vos avis, et qu’il est consacré à la gloire de vos amis et de vos parents. Voilà la sixième édition de Paris, conforme à la septième de Lille. L’importance du sujet l’a emporté sur la faiblesse du poëme. Il n’y a guère de ville du royaume où il n’en ait été fait une édition. Mais, mon respectable Pollion, mon cher Mécène, votre santé m’intéresse plus que les lauriers des héros et les presses des imprimeurs. Vous vivrez dans les siècles à venir : puissent les eaux de Plombières vous faire vivre longtemps pour ce grand nombre d’honnêtes gens qui vous chérissent, pour le public qui vous estime, mais surtout pour vous ! Que les eaux soient pour vous la fontaine de Jouvence ! Je vais passer de tout le tracas que m’a donné cette belle victoire à celui d’une nouvelle fête[1] mais je la ferai dans mon goût, dans un goût noble et convenable aux grandes choses qu’il faut exprimer ou faire entendre. On ne me forcera plus à m’abaisser au Morillo.


Allons nous délasser à voir d’autres procès.

(Racine, les Plaideurs, acte V, scène iv.)

Tous les héros que j’ai chantés m’ont fait des remerciements. J’en ai reçu de M. le maréchal de Saxe et de M. de Ximenès[2]. Il n’y a que M. de Castelmoron qui ne m’a pas daigné écrire ni faire dire un mot. J’ajoute à M. de Castelmoron M. d’Aubeterre[3]. Je ne vous mets pas là ce petit paragraphe pour me plaindre ; peut-être n’ont-ils pas reçu les exemplaires que je leur ai envoyés, et je suis trop heureux d’avoir rendu justice à des personnes qui vous sont chères, et qui méritaient une meilleure trompette que la mienne.

Je n’ai point dédié l’ouvrage au roi au hasard, comme vous le pensez bien. Il a vu l’épître dédicatoire.


1738. — À M. LE COMTE DE TRESSAN.
Le 15 juin.

Vous avez vaincu, et vous chantez la victoire. Monsieur de Pollion, vous ne laissez rien faire à ceux qui ne sont que vos

  1. Le Temple de la Gloire, dont il est question dans quelques lettres suivantes, et qui fut joué le 27 novembre 1745.
  2. À qui Voltaire adressa quelques lettres, et sous le nom duquel parurent, en 1761, les Lettres sur la Nouvelle Héloïse ; voyez tome XXIV, page 165.
  3. Voyez les notes relatives aux vers 122 et 208 du Poëme de Fontenoy.