Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/450

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qu’il ne reste à l’envie aucun prétexte pour l’attaquer. Je m’intéresse tendrement à votre gloire, et j’espère que vous pardonnerez au zèle de l’amitié ce conseil, dont vous n’avez pas besoin.

Vauvenargues.

1822. — À M. DE VAUVENARGUES.
Ce lundi, 23 mai.

J’ai peur d’être né dans le temps de la décadence des lettres et du goût ; mais vous êtes venu empêcher la prescription, et vous me tiendrez lieu du siècle qui me manque. Bonjour, homme aimable et homme de génie vous me ranimez, et je vous en ai bien de l’obligation. Je vous soumettrai mes sentiments et mes ouvrages. Votre société m’est aussi chère que votre goût m’est précieux.


1823. — À MADAME LA COMTESSE DE VERTEILLAC.
À Paris, ce 30 mai.

Il est très-vrai, madame, que, si mon goût décidait de ma conduite, il y a longtemps que je vous aurais fait ma cour. Je n’ai reçu que des paquets de M. le cardinal Querini, et il y a plus de trois ans que je n’ai des nouvelles de M. Maffei. J’ai reçu une Mérope, mais c’est une traduction hollandaise[1] de ma tragédie jouée à Amsterdam. Voilà, madame, toutes les nouvelles que j’ai des Méropes. J’ai demandé aux gens de Mme du Châtelet et aux miens s’ils n’avaient point reçu de paquet ; on ne m’a donné aucun éclaircissement. J’aurai l’honneur de venir vous assurer de mon profond respect.

Voltaire.

1824. — À M. DE VAUVENARGUES.
Mai.

Je vais lire vos portraits[2]. Si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. Je vous embrasse tendrement.

  1. Cette traduction, publiée en 1746, est de Jean Feitama, neveu de Sibrand Feitama, traducteur de la Henriade, de Brutus, et d’Alzire, né à Amsterdam en 1694.
  2. Allusion aux Caractères, dont le manuscrit est chargé de corrections faites par Voltaire.