Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/479

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ce que M. l’abbé de Nicolaï a bien voulu me promettre, et ce qui m’est absolument nécessaire. Je prends donc la liberté de vous importuner encore et de faire un dernier effort pour éviter des suites funestes. Je vous soumets mon mémoire. Ce que j’exige me parait si raisonnable et compromet même si peu Juvigny que je ne crois pas que M. l’abbé Nicolaï ait la cruauté de me le refuser. J’ose vous supplier de lui en parler. Je vous le demande instamment.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec la reconnaissance la plus respectueuse, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
mémoire.

Il ne s’agit pas d’exiger du sieur Rigoley de Juvigny un désaveu humiliant pour lui et dangereux pour sa partie. On ne veut point toucher ici au fond du procès ; il n’est question que des calomnies étrangères à ce procès, desquelles le sieur de Juvigny avait rempli son factum, et il parait que rien ne serait plus décent pour lui, plus honorable et plus juste que de désavouer ces impostures, qu’il avait crues trop légèrement. On a fait voir à M. l’abbé de Nicolaï, à M. l’abbé de Breteuil et M. Moreau, avocat du roi, des preuves authentiques qui détruisent ces calomnies. Le sieur de Juvigny, dans son factum, parle d’une prétendue infidélité dans les souscriptions de la Henriade, d’avoir tiré trop d’émoluments de ses ouvrages ; il lui reproche jusqu’à ses voyages en Prusse : tout cela est assurément fort étranger au procès, et il est prouvé par des pièces justificatives que l’auteur qu’il attaque a non-seulement fait présent du produit des souscriptions à des gens de lettres qui étaient dans l’indigence, mais qu’il a remboursé à ses propres frais toutes les souscriptions de ceux qui avaient eu la négligence de ne pas faire venir le livre d’Angleterre. Il est prouvé qu’il a donné souvent à des gens de lettres tout le produit de ses ouvrages. Les ordres supérieurs par lesquels il a fait des voyages en Prusse ne sont pas moins constatés.

Ainsi il se trouve que le sieur de Juvigny, trompé par de faux mémoires, a tourné en reproches odieux les actions les plus vertueuses et les plus honorables. On ne lui demande qu’un désaveu. M. l’abbé de Nicolaï et M. l’abbé de Breteuil l’ont toujours fait espérer.

Ce désaveu peut être contenu dans une lettre à monsieur l’avo-