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1866. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
24 avril.

Vous rendez la Mort si galante,
Et le Tartare si charmant,
Que cette image décevante
Séduit mon esprit, et le tente
D’en tâter pour quelque moment ;
Mais de cette demeure sombre,
Où Proserpine avec Pluton
Gouverne le funeste nombre
D’habitants du noir Phlégéthon,
Je n’ai point vu revenir[1] d’ombre.
J’ignore si dans ce canton
Les beaux esprits ont le bon ton ;
Et le voyage est de nature
Qu’en s’embarquant avec Caron
La retraite n’est pas trop sûre.
Laissons donc à la Fiction
La tranquille possession
Du royaume de l’autre monde,
Source où l’Imagination,
En nouveautés toujours féconde,
Puise le système où se fonde
La populaire opinion.
Qu’un fanatique ridicule
Y place son plus doux espoir ;
Qu’on prépare pour ce manoir
Un quidam que la fièvre brûle,
S’il faut lui dorer la pilule
Pour l’envoyer tout consolé,
Bien lesté, saintement huilé,
Passer en pompe triomphale
Au bord de la rive infernale ;
Moi, qui ne suis point affublé
De vision théologale,
Je préfère à cette morale
La solide réalité
Des voluptés de cette vie.

    qui ne sait quel respect doit être porté au nom de La Reynière, le plus riche et le plus courtois de tous les fermiers généraux ? Mais puisque, en dépit de sa courtoisie, et de l’étroite amitié qui règne entre les deux cours, messieurs de la poste de Dresde se sont conduits en ennemis, dites au libraire Walther de payer les huit écus, et je lui en tiendrai compte. Par tous les saints, Nous ne plaisantez pas quand vous me dites que mes productions vous sont très-chères. Je vous enverrai le premier tome de la Henriade par le premier courrier. Adieu, grand et aimable homme. On dit que vous allez à Padoue. Vous devriez prendre votre chemin par la France. Émilie serait bien charmée de vous Noir ; et moi, je serais dans l’extase, etc.

  1. Voltaire a dit, en 1778, dans ses Adieux à la vie, tome X :
    Adieu ; je vais dans ce pays
    D’où ne revint point feu mon père.