Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/506

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s’il est possible, que ceux de Descartes, m’empêche de jouir de votre société, qui est aussi aimable que vos lumières sont supérieures. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur, de tout mon cœur, votre, etc.


1879. — À M. DE MONCRIF[1].

Mon très-aimable Almanzor, j’ai été chez vous aujourd’hui pour vous demander en grâce de vouloir bien engager le libraire qui débite la nouvelle édition de la Henriade[2] à ne laisser échapper aucun exemplaire qui ne soit purgé de la note en question[3]. Je fis saisir, il y a deux ans, une édition dans laquelle on avait mis cette note avec plusieurs autres qui me révoltèrent beaucoup. Je suis bien éloigné assurément de vouloir faire de la peine à ce libraire. Je n’en veux faire à personne ; mais j’avoue que je serais au désespoir qu’on défigurât mon ouvrage par des notes pareilles. Je suis persuadé que, si vous voulez bien lui écrire, il mettra un carton tel que je le lui ai fait fournir, et c’est principalement à vous que je veux en avoir l’obligation. Je vous en prie instamment, mon très-aimable roi des sylphes.


1880. — À M. MARMONTEL[4].
À Lunéville, à la cour, le 13 février.

J’avais bien raison, mon cher ami, de vous dire que j’espérais beaucoup de ce Denis[5], et de ne vous point faire de critique. Comptez que jamais les petits détails n’ajouteront au succès d’une tragédie ; c’est pour l’impression qu’il faut être sévère. L’exactitude, la correction du style, l’élégance continue, voilà ce qu’il faut pour le lecteur ; mais l’intérêt et les situations sont tout ce que demande le spectateur. Je vous fais mon compliment avec un plaisir extrême. Voilà votre succès assuré. C’est à présent qu’il faut corriger la pièce ; c’est un grand plaisir d’embellir un bon ouvrage. Adieu je m’intéresserai toute ma vie, bien tendrement, à votre gloire et à tout ce qui vous regarde.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Dans les Œuvres complètes imprimées à Rouen.
  3. Sur les Damnés, chant VII.
  4. Voyez la lettre 1775.
  5. Denis le Tyran, tragédie en cinq actes, jouée le 5 février 1748, et dédiée à Voltaire.