Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/543

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous rendriez un grand service à elle et à ses amants de nous envoyer la joyeuse recette de la demoiselle Quinault. Ajoutez cette grâce à tant d’autres bontés. Et mes moyeux ? Ah monsieur de Pont-de-Veyle, mes moyeux !

Ce 21.

Le roi de Pologne, qui avait envoyé ma lettre à la reine, et qui en était très-content, a été fort piqué que nos adversaires aient prévalu auprès de la reine, et que ce ne soit pas elle à qui j’aie l’obligation de la suppression de l’infamie. Les mêmes gens qui avaient fait la calomnie sur Zadig ont continué sous main leurs bons offices, et le roi de Pologne en est très-instruit. Dites cela à l’abbé de Bernis, et qu’il écrive Mme de Pompadour pour la suppression de l’infamie à la ville comme à la cour.


1922. — AU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1].
À Lunéville, ce 21 octobre 1748.

Monsieur, j’ai autant de confiance en vous que de reconnaissance. Le roi a été touché de mes représentations, et il n’a pas voulu qu’on déshonorât à Fontainebleau un ouvrage fait pour lui par un de ses officiers et honoré de ses bienfaits. Je me flatte qu’avec votre protection, cette défense s’étendra jusqu’à Paris. Il serait bien étrange qu’on voulût produire à la ville un scandale défendu à la cour. Mais, monsieur, si, contre toute apparence, il arrivait que mes ennemis prévalussent si un malheureux conflit de juridiction, dont on m’a parlé, servait à donner gain de cause aux comédiens italiens, je vous supplierais de vouloir bien m’en faire donner avis. Il me semble que quiconque est le maître de proscrire ou de permettre ces scandales pourra se laisser toucher par mes prières et par mes raisons, sans que je sois obligé d’importuner encore le roi et de le faire expliquer. Je me repose de tout, monsieur, sur votre protection et sur votre prudence. Je vous ai ouvert mon cœur sur les suites que cette affaire peut avoir pour moi, et je vous renouvelle les plus vives instances. J’ajouterai que M. Crébillon aurait pu prévenir tous ces embarras en ne donnant pas son approbation à la parodie. Je sais bien qu’il y a dans cet ouvrage des personnalités odieuses, assez déguisées à la vérité, pour que l’examinateur puisse les passer sans se commettre, mais assez intelligibles pour que la malignité,

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.