Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/578

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ham, d’Isaac, et de Jacob, qui punit les crimes des pères jusqu’à la quatrième génération[1]. Les persécutions de l’envie sont un tribut que le mérite paye au vulgaire. Si quelques misérables auteurs clabaudent contre vous, ne vous imaginez pas que les nations et la postérité en seront les dupes. Malgré la vétusté des temps, nous admirons encore les chefs-d’œuvre d’Athènes et de Rome ; les cris d’Eschine n’obscurcissent point la gloire de Démosthène ; et, quoi qu’en dise Lucain, César passe et passera pour un des plus grands hommes que l’humanité ait produits. Je vous garantis que vous serez divinisé après votre mort. Cependant ne vous hâtez pas de devenir dieu ; contentez-vous d’avoir votre apothéose en poche, et d’être estimé de toutes les personnes qui sont au-dessus de l’envie et des préjugés, au nombre desquelles je vous prie de me compter.


1954. — AU CARDINAL QUERINI[2].
Paris, 16 février.

Le mando lo sbozzo della mia dedicazione, nella quale ho pigliato la libertà di parlare a Vostra Eminenza come ad un grand’uomo, a cui accresce un men bel lustro dallo splendor della sua casa e della sua dignità, che dal merito impareggiabile della sua persona. La supplico di ricevere colla sua solita benignità il tributo della mia ammirazione e del mio ossequio. Se degni di favorirmi col suo parere, e coi suoi stimatissimi avvisi, gli aspetto per seguitarli ; e, baciando il lembo della sua porpora, rimango, con ogni maggiore rispetto, suo umillimo e devotissimo servitore[3].


1955. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Paris, le 17 février.

Sire, ce n’est pas le tout d’être roi, et d’être un grand homme dans une douzaine de genres, il faut secourir les malheureux qui vous sont attachés. Je suis arrivé à Paris piralytique, et je

  1. Exode, xx, 5.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Traduction : Je vous envoie le brouillon de ma dédicace, dans laquelle j’ai pris la liberté de parler à Votre Éminence comme à un grand homme qui reçoit moins de lustre de la noblesse de sa maison et de sa dignité que du mérite incomparable de sa personne. Je la supplie d’accueillir avec sa bonté accoutumée le tribut de mon admiration et de mon obéissance. Si elle daigne me favoriser de ses ordres et de ses conseils inestimables, je les attends pour les suivre ; en baisant le bord de sa pourpre, je reste, avec le plus profond respect, son très-humble et très-dévoué serviteur.