Auteur solide, ingénieux,
Qui du théâtre êtes le maître,
Vous qui fîtes le Glorieux[2],
Il ne tiendra qu’à vous de l’être ;
Je le serai, j’en suis tenté,
Si mardi ma table s’honore
D’un convive si souhaité ;
Mais je sentirai plus encore
De plaisir que de vanité.
Venez donc, mon illustre ami, mardi à trois heures ; vous trouverez quelques académiciens, nos confrères ; mais vous n’en trouverez point qui soit plus votre partisan et votre ami que moi. Mme Denis dispute avec moi, je l’avoue, à qui vous estime davantage ; venez juger cette querelle. Savez-vous bien que vous devriez apporter votre pièce nouvelle[3] ? Vous nous donneriez les prémices des plaisirs que le public attend. L’abbé du Resnel ne va point aux spectacles, et il est très-bon juge ; ma nièce mérite cette faveur par le goût extrême qu’elle a pour tout ce qui vient de vous ; et moi, qui vous ai sacrifié Oreste de si bon cœur ; moi qui, depuis si longtemps, suis votre enthousiaste déclaré, ne mérité-je rien ? À mardi, à trois heures, mon cher Térence.
Je m’éveille assez agréablement pour un malade qui a été obligé de se coucher ; je reçois des ordres de mes anges.
Mes anges me prendront pour un grand insolent, quand je dirai, comme Samuel Bernard : Qu’on aille trouver mon notaire ! Il faut bien pourtant en passer par cette impertinence. Je leur demande très-sérieusement pardon de ne pas y courir moi-même ; mais Mme la duchesse du Maine m’attend, et mes anges peuvent aisément envoyer chez Laleu, ce soir ou demain matin : ils peuvent être sûrs qu’ils seront obéis sur-le-champ.