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Mme  la comtesse de Bentinck[1], et trop véritablement reconnaissante pour ne pas me porter avec autant d’empressement que de plaisir à vous faire mes remerciements au sujet de la belle inscription et du précieux don que vous avez eu la politesse d’y ajouter ; mais vous n’avez peut-être pas senti, monsieur, ce que vous m’allez imposer par là. Vous me mettez dans l’obligation de former une bibliothèque pour soutenir la réputation de femme lettrée que votre présent me donne ; il y attirera les savants et les personnes de goût, pour consulter ce rare exemplaire de vos œuvres avec la même ardeur qu’on examine un manuscrit de Virgile ou de Cicéron.

Comptez cependant, monsieur, que cet exemplaire du recueil de vos ouvrages, pour n’être pas dans la bibliothèque d’un savant, n’en est pas moins entre les mains d’une personne qui a toujours su admirer les productions de votre plume, et qui saura conserver ce morceau inestimable comme un monument aussi flatteur que glorieux de l’attention d’un des plus grands hommes de notre siècle. Si l’estime, monsieur, qui vous est due à ce titre est un tribut que votre mérite exige, celle que je conserverai pour vous très-particulièrement est propre à me mériter votre amitié, que je vous demande en faveur des sentiments avec lesquels je suis, monsieur, votre tout acquise amie et très-humble servante.

Elisabeth.

1976. — À M. LE MARQUIS ROUILLÉ DU COUDRAY.

Voilà ce qu’un citoyen fort zélé, et peut-être un peu bavard, avait griffonné il y a quelques jours. Si cela amuse M. du Coudray, s’il daigne en amuser monsieur le contrôleur général, le bavard sera très-honoré. M. du Coudray est très-humblement supplié de renvoyer le manuscrit à Paris[2] dans la rue Traversine[3], quand il s’en sera ennuyé.

    de 1727, à Christian-Auguste d’Anhalt-Zerbst, dont elle eut, le 2 mai 1729, la princesse si fameuse depuis sous le nom de Catherine II. Veuve le 16 mars 1747, elle finit par se retirer en France, et elle mourut à Paris, le 30 mai 1760, plus de deux ans avant que sa fille régnât seule en Russie. (Cl.)


    — La réponse de Voltaire à la lettre ci-dessus est restée inconnue.

  1. Charlotte-Sophie, comtesse d’Altembourg, née en 1715 ; mariée, en 1733, à Guillaume Bentinck, comte du Saint-Empire. S’étant séparée de son mari, cette dame, aimable, spirituelle, mais singulière par son caractère, ne cessa guère de voyager. Voltaire, qui fut en correspondance avec elle, l’appelle signora errante ed amabile, dans sa lettre du 2 septembre 1758 à Algarotti.
  2. C’est ce qu’il n’a point fait, puisque le voici. (Note de M. de La Bédoyère.) — Il s’agit dans ce billet à M. du Coudray, de la Lettre sur le Vingtième, qu’on a vue tome XXIII, page 305. Le billet et la Lettre ont été publiés, en 1829, par M. H. de La Bédoyère, et font partie du tome VI des Mélanges de la Société des Bibliophiles, qui a donné à Bouchot la permission de réimprimer ces deux pièces, sa propriété.
  3. Appelée depuis Traversière-Saint-Honoré.