Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/335

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Songez que ces destins font celui de la terre.
Ce n’est point conspirer, c’est déclarer la guerre ;
C’est reprendre vos droits, et c’est vous ressaisir
De l’univers dompté qu’on osait vous ravir,
L’univers votre bien, le prix de votre épée ;
Au sein de vos tyrans je vais la voir trempée.
Jurez tous de périr ou de vaincre avec moi.

UN CONJURÉ.

Nous attestons Sylla, nous en jurons par toi.

UN CONJURÉ.

Périsse le sénat !

UN AUTRE.

Périsse l’infidèle !

(Acte II, scène vi.)


Et à l’égard du vers :


L’ambition l’emporte, evanouissez-vous ;


ce mot évanouissez-vous appartient à tout le monde. Dieu me garde de voler vains fantômes d’État[1] ! Je ne sais pas ce que c’est qu’un fantôme d’État. Plus je lis ce Corneille, plus je le trouve le père du galimatias, aussi bien que le père du théâtre.

Mon cher ange, voilà à peu près tout ce que vous avez demandé ; mais, comme j’aime à vous obéir en tout, j’ajouterai encore un vers. Vous n’aimez pas :


Voilà tout ton service, et voilà tous tes titres.


Aimez-vous mieux :


Ce sont là tes exploits, ton service et tes titres ?

(Acte IV, scène iv.)

Il ne s’agit plus que de copier ces rapetassages. Vous m’avouerez que vous devez vous intéresser un peu à un ouvrage qui est devenu le vôtre par les bons conseils que vous m’avez donnés. Vous sentez par combien de raisons il est essentiel que la pièce soit donnée au public, après avoir été promise. Il ne s’agit pas ici seulement d’une vaine réputation, toujours combattue par l’envie ; le succès de l’ouvrage est devenu un point capital pour moi, et un préalable nécessaire sans lequel je ne pourrais faire à Paris le voyage que je projette. Ô Athéniens !

  1. Rodogune, acte II, scène i.