Sur le beau temps et sur la pluie ;
Mais il me faut un autre soin,
Et ma figure aurait besoin
D’un bon certificat de vie.
Chez vous tout brille, tout fleurit ;
Tout vous y plaît, je dois le croire ;
Je me doute bien qu’on chérit
Les climats dont on fait la gloire.
Vous et Frédéric, votre appui,
Que j’appelle toujours grand homme
Quand je ne parle pas à lui[1],
Ce roi, ce Trajan d’aujourd’hui,
Plus gai que le Trajan de Rome,
Ce roi dont je fus tant épris,
Et vous, très-graves personnages,
Qui passez pour ses favoris,
Et pour heureux autant que sages ;
Vous, dis-je, et Frédéric le Grand,
Vous, vos talents, et son génie.
Vous feriez un pays charmant
Des glaces de la Laponie.
Vous auriez beau certifier
Qu’on voit mûrir dans vos contrées
De Bacchus les grappes dorées
Tout aussi bien que le laurier,
De ma part je vous certifie
Que le devoir et l’amitié,
Qui depuis vingt ans m’ont lié,
Me retiennent près d’Émilie.
Cette Émilie incessamment
Doit accoucher d’un gros enfant.
Et d’un bien plus gros commentaire :
Je veux voir cette double affaire.
Je les entends très-faiblement ;
Mais, messieurs, ne voit-on donc faire
Que les choses que l’on entend ?
- Dans le palais d’un monarque adorable,
- Qui fait des vers en s’amusant,
- Qui souffre la goutte en riant,
- Dans le palais d’un monarque adorable,
- Avec ses amis, doux, affable,
- Ne se montre le plus puissant
- Qu’en se montrant le plus aimable.
- ↑ Voltaire lui donnait aussi le nom de Grand en lui écrivant ; voyez la fin de la lettre 1972, page 19.
Et, pour ses ennemis seulement redoutable,
C’est en réponse à ces vers que Voltaire écrivit la lettre du 29 juin.