Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/479

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aussi sensible que moi à votre souvenir. Adieu, monsieur ; je vous réitère mes remerciements et les assurances des sentiments bien sincères avec lesquels j’ai l’honneur d’être toujours votre, etc.


3022. — À M. DEVAUX.
Aux Délices, 18.

Je peux, mon cher Panpan, vous prêter quelque triste élégie, quelque épître chagrine : cela convient à un malade ; mais pour des comédies, faites-en, vous qui parlez bien, et qui êtes jeune et gai. Voyez si vous vous contenterez d’un billet aux comédiens, pour vous donner votre entrée. Il se peut faire qu’ils aient cette complaisance pour moi, et je risquerais volontiers ma requête pour vous obliger. Comme je leur ai donné quelques pièces gratis, et, en dernier lieu, des magots chinois, j’ai quelque droit de leur demander des faveurs, surtout quand ce sera pour un homme aussi aimable que vous.

Mille respects, je vous prie, à Mme de Boufflers, et à quiconque daigne se souvenir de moi à Lunéville. V.


3023. — À M. DE CIDEVILLE.
Aux Délices, 19 septembre.

Oui, ma muse est trop libertine ;
Elle a trop changé d’horizon ;
Elle a voyagé sans raison
Du Pérou jusques à la Chine.
Je n’ai jamais pu limiter
L’essor de cette vagabonde ;
J’ai plus mal fait de l’imiter ;
J’ai, comme elle, couru le monde.
Les girouettes ne tournent plus
Lorsque la rouille les arrête ;
Après cent travaux superflus,
Il en est ainsi de ma tête.
Je suis fixé, je suis lié.
Mais par la plus tendre amitié,
Mais dans l’heureuse indépendance.
Dans la tranquille jouissance
De la fortune et de la paix,
Ne pouvant regretter la France,
Et vous regrettant à jamais.