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terre et de la Prusse : si cela peut conduire à un accommodement, tout le monde sera content. Je ne me mêle pas de politique, je fais seulement des vœux dans ma retraite pour que les hommes vivent en paix. Ma nièce et moi, nous vous renouvelons les assurances de la plus véritable amitié. Mme de Chenevières est comprise dans cette déclaration.

Tuus semper.


3111. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
À Monrion, 6 février 1756.

Je suis doublement flatté, monsieur ; les vers que vous daignez m’adresser sont les meilleurs que j’aie jamais vu de vous. Vous voyez que ce sont les obstacles qui font les succès, et que c’est souvent d’un terrain ingrat qu’on tire le meilleur parti. Si ma déplorable santé me l’avait permis, j’aurais eu la satisfaction d’entendre ces vers de votre bouche. M. Le Bault me mettra peut-être en état de faire le voyage, s’il continue à me faire avoir un aussi bon cordial que son vin. Permettez-moi de lui présenter ici mes respects, aussi bien qu’à Mme Le Bault.

l’Histoire de la Guerre de 1741, dont vous me parlez, est une rapsodie misérable, tirée d’une partie de mes manuscrits qu’on m’a volés. Tout y est tronqué et estropié. Cette prétendue histoire ne va que jusqu’à la bataille de Fontenoy. Il y a quelques années qu’on me vole ainsi mon bien, et qu’on le dénature pour le vendre. On met sous mon nom des ouvrages que je ne connais pas ; on défigure ceux que j’ai faits. Il faut prendre patience. Il y a de plus grands maux dans le monde sur terre et sur mer. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.


3112. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Monrion, 7 février.

Je vous remercie bien fort, mon héros, de votre belle et instructive épître. Il est vrai que vous écrivez comme un chat, et que, si vous n’y prenez garde, vous égalerez le maréchal de Villars. Je me flatte bien que vous l’égalerez tout de même, quand

  1. Éditeur, Th. Foisset.