Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/97

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à présent le sieur de Voltaire, que le magistrat rendra un compte fidèle à Votre Majesté.

Nous sommes deux étrangers qui n’avons ici de protection que votre équité et votre miséricorde. Tout Francfort sait que la violence qu’on nous a faite n’a eu pour but que de nous extorquer 128 écus par jour. Votre Majesté peut s’informer si les mêmes personnes n’ont pas déjà plusieurs fois commis à Francfort des choses aussi dures. Mais ce n’est pas là l’objet de nos plaintes. Nous conjurons Votre Majesté de daigner empêcher qu’on abuse davantage de son nom sacré pour persécuter deux étrangers, dont l’un est attaqué d’une maladie mortelle, et qui attendent leur sûreté de votre pitié, qu’ils implorent avec la soumission la plus entière et le plus profond respect.


2612. — À M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[1].
Francfort, 29 juin.

Mme Denis et son oncle réitèrent à M. le chevalier de La Touche les assurances de leur attachement et de leur reconnaissance. Ils le supplient de vouloir bien encore faire parvenir au roi de Prusse cette requête, et ils se flattent que les autres ont été sûrement transmises. Ils lui demandent bien pardon de tant de peines.


2613. — DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH
à frédéric II roi de prusse[2].
Le 29 de juin 1753.

Mon très-cher frère, je compte ce jour parmi les heureux, puisque j’ai la satisfaction de vous assurer des sentiments de mon cœur. J’ai fait une petite trêve avec les eaux, mes crampes et maux ayant rompu celle que j’avais faite avec eux. Ma cure me paraîtrait insupportable, me privant si souvent du plaisir de vous écrire, si je n’espérais qu’en la continuant elle me mit en état de jouir encore une fois du seul bonheur après lequel je soupire, qui est de me retrouver auprès de ce que j’ai de plus cher au monde. Vous verrez, mon très-cher frère, une vieille squelette qui ne vit que pour vous, dont vous êtes le mobile, et qui peut-être ne serait plus si vous ne preniez soin de l’animer par l’amitié que vous lui témoignez. Je bénirai les eaux si elles contribuent à vous garantir, mon cher frère, des mauvaises attaques que vous avez eues l’hiver passé, il me semble que je renais lorsque j’apprends de bonnes nouvelles de votre santé. Nos principautés sont encore

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Éditeur, Varnhagen von Ense.