Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il doit, pour son intérêt et pour son honneur, attendre que l’édition des Cramer, qui va depuis Charlemagne jusqu’à 1756, ait paru. Faites-lui entendre raison, si vous pouvez, je vous en conjure.

Nous avons ici d’Alembert et Patu ; ce sont deux mérites différents. Patu va gagner ses pardons à Rome ; si vous voulez en faire autant, passez par Genève. Je vous rendrai bientôt M.  d’Alembert ; c’est un des meilleurs philosophes de l’Europe, et, qui plus est, un des plus aimables.

J’avais déjà le projet du Glossaire ; ce sera un livre nécessaire pour l’intelligence des auteurs français du moyen âge : je ne doute pas que M.  de Sainte-Palaye ne trouve de grands secours dans les langues du Nord ; on ne saurait s’en passer pour tous les vieux mots qui ne sont pas dérivés du latin.

Imprime-t-on ce drôle de corps de Cosnac, évêque de Valence ?

On parle d’une tragédie nouvelle : mais vous n’êtes pas de ce tripot. Une vraie tragédie se joue à Stockholm, et il s’en prépare ailleurs. Tu, Tityre, lentus in umbra, et moi aussi. Je vous embrasse de tout mon cœur. Mes respects à Mme  La Popelinière. Quid novi ? Vale.


3222. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Des Délices, 21 août 1756.

On m’écrit de Paris qu’on parie à Londres, à bureau ouvert, vingt contre un que M.  le maréchal de Richelieu sera mené prisonnier en Angleterre avant quatre mois, et celui qui me l’écrit a envoyé vingt guinées, à ce qu’il dit, pour en gagner quatre cents. Je parierais bien vingt contre un, mais il est encore plus doux de mettre un contre vingt. Si la chose est ainsi, faisons fortune aux dépens de l’Angleterre. Je veux bien parier cinquante louis pour M.  de Richelieu, et compte ne rien hasarder. Je vous conseille d’en faire autant : cela vaut mieux que Cadix. Informez-vous, je vous prie, de cette folie anglaise, et punissons-la.

M.  le docteur Tronchin continue ses miracles, mais il ne peut rien sur monsieur le conseiller votre frère. Ce n’est que dans sa famille qu’il ne fait point de prodiges, mais il y a des miracles impossibles. On dit des choses si extraordinaires du roi de Pologne et du roi de Suède ; mais je ne les crois point. Il faut attendre le dénoûment de tout ceci. Quand le dernier des Autrichiens aura tué le dernier des Prussiens, cela n’empêcherait pas

  1. Revue suisse, 1855, page 404.