Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/160

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Français ne fasse plus de tort que de bien à l’amiral ; je ne pense pas ainsi. Je suis persuadé qu’un pareil témoignage ne peut nuire et peut beaucoup servir. Voyez comment vous pourrez l’envoyer en Angleterre ; voyez s’il est à propos de l’insérer dans la Gazette d’Amsterdam. Il s’agit de sauver un innocent, un infortuné. Votre maxime est : Homo sum ; humani nihil a me alienum puto.


3282. — À L’AMIRAL BYNG[1].
1757.

Monsieur, quoique je vous sois presque inconnu, je pense qu’il est de mon devoir de vous envoyer une copie de la lettre que je viens de recevoir de M. le maréchal de Richelieu ; l’honneur, l’humanité, l’équité, m’ordonnent de la faire passer entre vos mains. Ce témoignage si noble et si inattendu de l’un des plus sincères et des plus généreux de mes compatriotes me fait présumer que vos juges vous rendront la même justice.

Je suis avec respect.

Voltaire.

3283. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, près de Genève, 3 janvier 1757.

L’humanité et moi, nous vous remercions de votre lettre. J’en ai donné copie selon vos ordres, monseigneur. Si elle ne fait pas beaucoup de bien à l’amiral Byng, elle vous fera au moins beaucoup d’honneur ; mais je ne doute pas qu’un témoignage comme le vôtre ne soit d’un très-grand poids. Vous avez contribué à faire Blakeney pair d’Angleterre ; vous sauverez l’honneur et la vie à l’amiral Byng.

Le Mémoire de l’envoyé de Saxe, présenté aux États-Généraux, et qui est une réponse au Mémoire justificatif du roi de Prusse, fait partout la plus vive impression. Je n’ai guère vu de pièce plus forte et mieux écrite. Si les raisons décidaient du sort des États, le roi de Pologne serait vengé ; mais ce sont les fusils et la marche redoublée qui jugent les causes des souverains et des nations.

Les Prussiens ont quitté Leipsick ; ils sont en Lusace, où l’on

  1. Cette lettre est probablement du même jour que celle qui suit. Voltaire envoyait à Byng copie de la lettre 3277.