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3291. — À MADAME LA MARGRAVE DE BAIREUTH[1].
À Monrion, janvier (1757).

Madame, souffrez que je vous réitère mes vœux pour la santé de Votre Altesse royale, et que je la remercie de ce qu’elle a bien voulu m’assurer, par M.  le marquis d’Adhémar, de la continuation de ses bontés. Je prends la liberté de lui envoyer des nouvelles de Paris qui pourront lui paraître extraordinaires, et qui exerceront sa philosophie.

J’ignore si Votre Altesse royale a reçu les exemplaires de l’histoire que je mets à ses pieds. Je me flatte que le roi son frère continuera à fournir les plus beaux monuments de l’histoire moderne. Mais c’est à César qu’il appartient d’écrire ses Commentaires.

Je suis encore persuadé qu’il se souviendra qu’il m’a tiré de ma patrie ; que je quittai pour lui mon roi, mon pays, mes charges, mes pensions, ma famille.

Je prendrais la liberté de le supplier de m’envoyer des graines de ses melons, et je demanderais la protection de Votre Altesse royale s’il était à Berlin.

Mais il a autre chose à faire qu’à honorer de ses melons mes potagers.

Que Votre Altesse royale et monseigneur daignent toujours agréer le profond respect et les prières de Frère Voltaire.


3292. — À M.  DE CIDEVILLE.
À Monrion, le 16 janvier.

[2]Nous vous sommes très-obligés, monsieur, de nous avoir rassurés sur l’état du roi, après nos justes alarmes. Toutes les nouvelles s’accordent à dire qu’il est très-bien, et que cette affreuse catastrophe ne peut avoir aucune suite fâcheuse. Il est fort à désirer qu’on puisse faire parler ce monstre. C’est certainement un fou fanatique ; mais, s’il a des complices, il est bien essentiel de les connaître. Mandez-moi tout ce que vous saurez. Nous sommes fort étonnés que vous n’ayez pas encore l’édition de mon oncle et l’Histoire générale. Il écrit positivement à M.  Cramer pour qu’elle vous soit

  1. Revue française, mars 1766 ; tome XIII, page 356.
  2. Les quatre premiers alinéas de cette lettre sont de la main de Mme  Denis ; les trois derniers sont de l’écriture de Voltaire.