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désagréables, qui se sont succédé si rapidement. Les gens qui vivent philosophiquement dans la retraite ne sont pas les plus à plaindre. Je crains d’abuser de vos moments et de vos bontés par une plus longue lettre : il faut un peu de laconisme avec un premier gentilhomme de la chambre, qui a le roi et le dauphin à servir, et avec celui qui est fait pour être dans les conseils et à la tête des armées.

Mme  Denis vous idolâtre toujours, et il n’y a point de Suisse qui vous soit attaché avec un plus tendre respect que


le Suisse Voltaire.

3316. — À M.  LEVESQUE DE BURIGNY[1].
À Monrion, 14 février.

L’esprit dans lequel j’ai écrit, monsieur, ce faible Essai sur l’Histoire génèrale, a pu trouver grâce devant vous et devant quelques philosophes de vos amis. Non-seulement vous pardonnez aux fautes de cet ouvrage, mais vous avez la bonté de m’avertir de celles qui vous ont frappé. Je reconnais à ce bon office les sentiments de votre cœur, et le frère de ceux qui m’ont toujours honoré de leur amitié. Recevez, monsieur, mes sincères et tendres remerciements. Je passe l’hiver auprès de Lausanne, où je n’ai point mes livres : le peu que j’en ai pu conserver est à mon petit ermitage des Délices ; ainsi je n’ai aucun secours pour vérifier les dates.

Il se peut que l’impératrice Constance fût fille du roi de Sicile Roger ; mais il me semble que ce Roger vivait en 1101[2], et Henri VI, mari de Constance, en 1195. Il l’épousa, je crois, en 1186. Cette Constance avait des amants longtemps après cette époque. Il est bien difficile qu’elle soit fille de Roger ; je crois me souvenir que plusieurs annalistes la font fille de Guillaume : je consulterai mes Capitulaires, et surtout Giannone[3], quoiqu’il ne soit pas toujours exact.

Le cardinal Polus[4] pourrait bien avoir écrit la lettre à Léon X,

  1. Voyez tome XXXV, page 25.
  2. Voyez tome XI, page 408.
  3. Pierre Giannone, historien napolitain, dont l’ouvrage fut brûlé à Rome en 1726. Il est mort en 1758, après vingt-deux ans de détention, âgé de soixante-douze ans.
  4. Voyez tome XII, page 282.