Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/193

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ce qu’a fait Pierre le Grand, avec une carte géographique de Pétersbourg, une de l’empire, l’histoire de la découverte du Kamtchatka, et enfin des renseignements sur tout ce qui peut contribuer à la gloire de votre pays, je ne perdrai pas un instant, et je regarderai ce travail comme la consolation et la gloire de ma vieillesse,

La suite des médailles est inutile ; elles se trouvent dans plusieurs recueils, et la matière de ces médailles est d’un prix que je ne puis accepter. Je souhaiterais seulement que M.  le comte de Schouvalow voulût bien m’assurer que Sa Majesté l’impératrice désire que ce monument soit élevé à la gloire de l’empereur son père, et qu’elle agrée mes soins.

Voilà, monsieur, quelles sont mes dispositions. Je me tiendrai très-honoré et très-heureux si elles s’accordent avec les vôtres : j’attendrai vos ordres et ceux de M.  le comte de Schouvalow, à qui vous me permettrez de présenter ici mes respects en recevant les miens.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, etc.


3327. — À M.  THIERIOT.
À Monrion, 3 mars.

Je n’entends point parler de vous, mon ancien ami, depuis que vous lisez l’histoire des sottises humaines depuis Charlemagme. Je voudrais bien savoir aussi ce que c’est qu’un Portefeuille trouvé[1]. On me met en pièces, on se divise mes vêtements, et on jette le sort sur ma robe.

Je voudrais que vous eussiez passé l’hiver avec moi à Lausanne. Si vous n’aviez été enchaîné, selon votre louable coutume, au char des jeunes et belles dames, vous auriez vu jouer Zaïre en Suisse mieux qu’on ne la joue à Paris ; vous auriez entendu la Serva padrona sur un joli théâtre ; vous y verriez des pièces nouvelles exécutées par des acteurs excellents ; les étrangers accourir de trente lieues à la ronde, et mon pays romance, mes beaux rivages du lac Léman, devenus l’asile des arts, des plaisirs, et du goût ; tandis qu’à Paris la secte des margouillistes occupe les esprits, que le parlement et l’archevêque bataillent pour une place à l’hôpital et pour des billets de confession, qu’on ne rend point la justice, et qu’enfin on assassine un roi. Jouissez de tant

  1. Voyez tome VI, page 337.