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3349. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Monrion, 8 avril.

Vingt conseillers du parlement de la Franche-Comté enlevés par lettres de cachet, force représentations de tous les parlements, force murmures très-injustes contre un roi justement nommé Bien-Aimè, la justice distributive suspendue, etc., pourraient faire craindre que tant de loteries non enregistrées[2] ne soient pas un jour bien exactement payées, et qu’il ne reste que des billets blancs aux pauvres metteurs, qui les serreront bien proprement avec les billets de l’Épargne, d’État, de monnaie, d’ustensiles, de liquidation, d’emprunt, de banque, etc., etc., tous effets admirables et si beaux qu’une famille qui en aurait pour cent millions n’aurait pas de quoi acheter une demi-once de pain bis.


3350. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[3].
Délices, 13 avril.

Je vois qu’il faut vivre douze ans pour escompter ses lots avec avantage. Allons, il faut se résoudre à vivre douze ans. J’ai déjà fait marché pour neuf à Lausanne ; ce n’est que trois de plus avec le roi de France, qui est déjà mon débiteur. M.  de Montmartel m’a mandé qu’il me retient pour quatre-vingt mille livres de billets. Je jette le filet en votre nom, et je hasarde quatre-vingt mille livres au jeu nouveau que le roi joue avec ses sujets.


3351. — À M.  LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, 20 avril.

Mon héros, il y a longtemps que j’ai l’honneur d’être de votre avis sur bien des choses, et j’en serai sans doute encore sur tous vos acteurs tragiques. Je les crois très-médiocres ; mais Lekain leur est fort supérieur, à ce que dit le public. Il y a, sur de plus grands et de plus nobles théâtres, des acteurs qui ne valent pas

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. On venait d’établir des loteries en se passant des parlements.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.