vous me laissez là. Notre bailli est bien plus honnête que vous ; il est venu voir la comédie auprès de Genève. Il y a mené sa fille et sa nièce. Il a dîné aux Délices, et vous nous méprisez positivement. Mille tendres respects à Mme de Brenles mille souhaits pour le petit.
Je vous embrasse en vous grondant.
On me mande de l’armée de Bohême qu’on croit le roi de Prusse perdu sans ressource. Mais il en est jusqu’au dernier coup, à cet abominable lansquenet de la guerre. Je suis occupé à le consoler, ainsi que Mme de Baireuth, sa sœur. Le roi m’écrit qu’il lui restait à vendre cher sa vie, et je l’exhorte à vivre en cas qu’il soit absolument malheureux. Pour les autres rois, je ne m’en mêle pas.
Je vous dirai que dans une lettre de Vienne, du 24 août, nous lisons ces paroles : « Nous recevons la confirmation d’une glorieuse victoire remportée par le colonel James à Landshut, en Silésie, avec cinq ou six bataillons contre huit mille Prussiens, commandés par deux généraux. La perte de l’ennemi passe trois mille hommes ; tandis que la nôtre, ce qui est peu croyable, mais ce qui est très-vrai, n’est que de dix-sept morts et de quatre-vingt-un blessés, »
Cette nouvelle a besoin, dans mon Église, d’un nouveau sacrement de confirmation. Or, mes amis, ouvrez les yeux et les oreilles. Le roi de Prusse m’écrit « qu’il ne doute pas que je ne me sois intéressé à ses succès et à ses malheurs, et qu’il lui reste à vendre cher sa vie, etc. » La margrave de Baireuth m’écrit une lettre lamentable, et je suis actuellement occupé à consoler l’un et l’autre. Je ne hais pas ces petites révolutions : elles amusent et elles exercent ; elles affermissent la philosophie.