Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/299

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lac, nous la lirons au pied de la statue de messer Ludovico Ariosto. Intérim, vale. Sed quid novi ?


3439. — À M.  VERNES[1].
Au Chêne, à Lausanne, 26 octobre.

Je regrette sensiblement le petit Patu : il aimait tous les arts, et son âme était candide. Je suis toujours étonné de vivre quand je vois des jeunes gens mourir. Tout sert, mon cher monsieur, à me convaincre du néant de la vie et du néant de tout.

J’ai peine à croire l’armistice dont on parle. S’il y en avait un, il ne pourrait être que dans le goût de celui du duc de Cumberland[2] ; et le roi de Prusse me trompera fort s’il signe un pareil traité. Je le crois dans un triste état. Il aura bientôt plus de besoin d’être philosophe que grand capitaine.

Tâchez de convertir Mme  de Montferrat ; c’est la plus belle victoire que vous puissiez remporter ; mais je tiens la place imprenable.

Mme  Denis vous fait ses compliments. Elle est occupée du matin au soir à embellir la maison de Lausanne. Elle me rend trop mondain ; mais il faut tout souffrir.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.


3440. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[3].
Lausanne, 27 octobre.

Je suis très-flatté, mon cher monsieur, que mes rêves n’aient pas déplu à un homme qui a autant de solidité dans l’esprit que la personne respectable à qui vous les avez communiqués. Ce qui me fait croire encore que les songes peuvent devenir des réalités, c’est que j’ai lieu de penser qu’on travaille déjà à ce que j’ai proposé. Il est question, à ce que je présume, d’une négociation entre le roi de Prusse et M.  le maréchal de Richelieu, et elle pourrait bien finir par quelque chose de semblable à celle de M.  le duc de Cumberland : c’est de quoi vous pourrez parler à Son Éminence, qui peut-être en est déjà instruite.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. À Closter-Zeven, le 8 septembre.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.