Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me donner de vos nouvelles. Vos lettres font mon unique récréation. Soyez persuadé de toute mon estime.


Wilhelmine.

Mes amitiés à Mme Denis.


3465. — À MADAME D’ÉPINAI.

Madame, quand je vous appelai la véritable philosophe des femmes, cela n’empêcha pas que notre docteur ne fût le véritable philosophe des hommes. Il s’intitula fort mal à propos singe de la philosophie. Plût à Dieu que je fusse son singe ! Mais, madame, faut-il que la pluie empêche deux têtes comme la vôtre et la sienne de venir raisonner dans mon ermitage ? Nous aurons l’honneur de venir chez vous, madame, quand vous l’ordonnerez, quand vous voudrez nous recevoir, et que je serai quitte de ma colique.

Je vous présente mon respect. V.


3466. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 2 décembre.

Mon cher et respectable ami, dès que vous m’eûtes écrit que celui[1]


· · · · · · · · · · · · · · · Qui miscuit utile dulci,

(Hor., de Arte poet., v. 343.)

voulait bien se souvenir de moi, je lui écrivis pour l’en remercier. Je crus devoir lui communiquer quelques rogatons très-singuliers qui auront pu au moins l’amuser. J’ai pris la liberté de lui écrire avec ma naïveté ordinaire, sans aucune vue quelle qu’elle puisse être. Il est vrai que j’ai une fort singulière correspondance, mais assurément elle ne change pas mes sentiments ; et, dans l’âge où je suis, solitaire, infirme, je n’ai et ne dois avoir d’autre idée que de finir tranquillement ma vie dans une très-douce retraite. Quand j’aurais vingt-cinq ans et de la santé, je me garderais bien de fonder l’espérance la plus légère sur un prince qui, après m’avoir arraché à ma patrie, après m’avoir forcé, par des séductions inouïes, à m’attacher auprès de lui, en a usé avec moi et avec ma nièce d’une manière si cruelle.

Toutes les correspondances que j’ai ne sont dues qu’à mon

  1. L’abbé de Bernis.