Il paraît que ces messieurs n’ont pas lu l’article Genève, ou qu’ils se plaignent de ce qui n’y est pas[1]. »
Or, puisque vous voilà mon ami déclaré à Paris, communiquez-moi donc, mon cher ami, cette lettre de M. d’Alembert. Je n’ai point encore le nouveau tome de l’Encyclopédie, et j’ignore absolument de quoi il s’agit. Je sais seulement, en général, que M. d’Alembert a voulu donner à votre ville des témoignages de son estime. Il dit que le clergé de France l’accuse de vous avoir trop loués, tandis que vous autres vous vous plaignez de n’être pas loués comme il faut. Que vous êtes heureux, dans votre petit coin de ce monde, de n’avoir que de pareilles plaintes à faire, tandis qu’on s’égorge ailleurs !
Puissent tous vos confrères perpétuer cette heureuse paix, cette humanité, cette tolérance qui console le genre humain de tous les maux auxquels il est condamné ! Qu’ils détestent le meurtre abominable de Servet, et les mœurs atroces qui ont conduit à ce meurtre, comme le parlement de Paris doit détester l’assassinat infâme dont on fit périr Anne du Bourg, et comme les Hollandais doivent pleurer sur la cendre des Barneveldt et des de Witt. Chaque nation a des horreurs à expier, et la pénitence qu’on en doit faire est d’être humain et tolérant.
Ne soyons ni calvinistes, ni papistes, mais frères, mais adorateurs d’un Dieu clément et juste. Ce n’est point Calvin qui lft votre religion : il eut l’honneur d’y être reçu, et vous avez parmi vous des esprits plus philosophes et plus modérés que lui, qui font l’honneur de votre république.
Bonsoir. Quand il s’agit de paix et de tolérance, je suis trop babillard. Mes compliments à notre Arabe[2].
J’ai encore passé une journée chez Voltaire. J’ai été reçue avec des égards, des respects, des attentions que je suis portée à croire que je mérite, mais auxquels cependant je ne suis guère accoutumée. Il m’a fort demandé de vos nouvelles, de celles de Diderot et de tous nos amis. Il s’est