Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/41

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Dont, grâce à vous, on fait usage.
On la traita de vision ;
On la reçut avec outrage,
Tout ainsi que l’attraction[1].
J’étais un trop faible interprète
De ce vrai qu’on prit pour erreur,
Et je n’ai jamais eu l’honneur
De passer chez moi pour prophète.

Comment recevoir, disait-on,
Des vérités de l’Angleterre !
Peut-il se trouver rien de bon
Chez des gens qui nous font la guerre !
Français, il fallait consulter
Ces Anglais qu’il vous faut combattre :
Rougit-on de les imiter,
Quand on a si bien su les battre ?
Egalement à tous les yeux
Le dieu du jour doit sa carrière ;

La vérité doit sa lumière
À tous les temps, à tous les lieux.
Recevons sa clarté chérie,
Et, sans songer quelle est la main
Qui la présente au genre humain,
Que l’univers soit sa patrie.


Une vieille duchesse anglaise aima mieux autrefois mourir de la fièvre que de guérir avec le quinquina, parce qu’on appelait alors ce remède la poudre des jésuites. Beaucoup de dames jansénistes seraient très-fâchées d’avoir un médecin moliniste. Mais, Dieu merci, messieurs vos confrères n’entrent guère dans ces querelles. Ils guérissent et tuent indifféremment les gens de toute secte.

On dit que vous prendrez votre chemin par Lunéville. Faites vivre cent ans le bienfaiteur[2] de ce pays-là, et revenez ensuite dans le vôtre. Imitez Hippocrate, qui préféra sa patrie à la cour des rois.

Vos deux enfants me sont venus voir aujourd’hui ; je les ai reçus comme les fils d’un grand homme. Mille compliments à M.  de Labat, si vous avez le temps de lui parler.

Je vous embrasse tendrement.

  1. Voyez tome XXII, page 132.
  2. Stanislas, surnommé le Bienfaisant.