de la Gloire, où l’on trouve une foule prodigieuse de guerriers. On a tant célébré de grands hommes qu’il n’y a presque plus de grands hommes. Cependant, monsieur, si un homme de votre mérite gratifie le public d’une partie des Mémoires du duc de Rohan sur la guerre de la Valteline[1], je me ferai un plaisir et un honneur d’obéir à vos ordres, supposé que je trouve par hasard quelque idée qui ne soit pas tout à fait indigne de vos peines et du service que vous rendez aux amateurs de l’histoire.
Je crois, mon ancien ami, que je vous ai dit des injures dans ma dernière lettre ; j’avais grand tort. Vous aviez envoyé le grand Sala-Heddin[3] chez le bienfaisant Bouret, et le bienfaisant Bouret me l’avait dépêché. J’ai trouvé mon Curde aux Délices ; je le lis avec plaisir quand j’ai arrangé mon potager, et j’écrirai à l’auteur quand j’aurai achevé ma lecture. Qui est donc ce M. Marin ? Il me semble qu’on se remet un peu à l’érudition orientale ; mais cela ne durera pas. Malheur à ceux qui voudront entrer dans les détails de ces Mille et une Nuits historiques ! C’est là qu’il faut se souvenir du précepte de La Fontaine :
Loin d’épuiser une matière,
Il n’en faut prendre que la fleur.
Je vous embrasse,
Mon cher évêque, j’ai été enchanté de votre souvenir et de votre beau mandement Israélite : on ne peut pas mieux demander à boire ; c’est dommage que Moïse n’ait donné à boire que de
- ↑ Mémoires et Lettres de Henri duc de Rohan sur la guerre de la Valteline, publiés pour la première fois, Genève (Paris), 1758, trois volumes in-12.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.
- ↑ Histoire de Saladin, de Marin, rédacteur de la Gazette de France, connu surtout par le qu’es-aco ? de Beaumarchais. (A. F.)
- ↑ Le Journal encyclopédique du 1er juillet 1758, où cette lettre fut publiée, dit que Voisenon avait signé sa lettre l’Évêque de Montrouge ; le motet envoyé par l’abbé à Voltaire était intitule les Israélites sur la montagne d’Oreb.