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ANNÉE 1758.

rement au mot baron ? N’appelait-on pas knès un possesseur d’une terre considérable ? Ne signifie-t-il pas chef comme mirza ou kan le signifie ? Les noms des dignités ne se rapportent exactement les uns aux autres en aucune langue.

Je suis bien aise que l’agriculture n’ait jamais été négligée en Russie ; elle l’a beaucoup été en Angleterre, et encore plus en France ; et ce n’est que depuis environ quatre-vingts ans que les Anglais ont su tirer de la terre tout ce qu’ils en pouvaient tirer. Leur terre est très-fertile en froment, et cependant ce n’est que depuis peu de temps qu’ils sont parvenus à s’enrichir par l’agriculture. Il a fallu que le gouvernement donnât des encouragements à cet art, qui paraît très-aisé, et qui est très-difficile.

Je suis fort surpris d’apprendre qu’il était permis de sortir de Russie, et que c’était uniquement par préjugé qu’on ne voyageait pas. Mais un vassal pouvait-il sortir sans la permission de son boïard ? Un boïard pouvait-il s’absenter sans la permission du czar ?

Je voudrais savoir quel nom on donnait à l’assemblée des boiards qui élut Michel Fédérowitz. J’ai nommé cette assemblée sénat, en attnudant que je sache quelle était sa vraie dénomination. Pourrait-on l’appeler diète, convocation ? Enfin était-elle conforme ou contraire aux lois ?

Quand une fois la coutume s’introduisit de tenir la bride du cheval du patriarche, cette coutume ne devint-elle pas une obligation, ainsi que l’usage de baiser la pantoufle du pape ? Et tout usage dans l’Église ne se tourne-t-il pas en devoir ?

La question la plus importante est de savoir s’il ne faudra pas glisser légèrement sur les événements qui précèdent le règne de Pierre le Grand, afin de ne pas épuiser l’attention du lecteur, qui est impatient de voir tout ce que ce grand homme a fait.

On suivra exactement les Mémoires envoyés. À l’égard de l’orthographe, on demande la permission de se conformer à l’usage de la langue dans laquelle on écrit ; de ne point écrire Moskwa, mais Mosca ; d’écrire Véronise, Moscou, Alexiovis, etc. On mettra au bas des pages les noms propres tels qu’on les prononce dans la langue russe.

N. B. Il serait nécessaire que je fusse instruit du temps où les diverses manufactures ont été établies, de la manière dont on s’y est pris, et des encouragements qu’on leur a donnés.