Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/50

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Parmi les festins et les ris,
On démêle un grand caractère ;
Le préjugé ne conçoit pas
Que celui qui sait l’art de plaire
Sache aussi sauver les États :
Le grand homme échappe au vulgaire.
Mais lorsqu’aux champs de Fontenoi
Il sert sa pairie et son roi ;
Quand sa main des peuples de Gênes
Défend les jours et rompt les chaînes ;
Lorsque, aussi prompt que les éclairs,
Il chasse les tyrans des mers
Des murs de Minorque opprimée,
Alors ceux qui l’ont méconnu
En parlent comme son armée.
Chacun dit : Je l’avais prévu.
Le succès fait la renommée.
Homme aimable, illustre guerrier,
En tout temps l’honneur de la France,
Triomphez de l’Anglais altier.
De l’envie, et de l’ignorance.
Je ne sais si dans Port-Mahon
Vous trouverez un statuaire ;
Mais vous n’en avez plus affaire :
Vous allez graver votre nom
Sur les débris de l’Angleterre ;
Il sera béni chez l’Ibère,
Et chéri dans ma nation.
Des deux Richelieu sur la terre
Les exploits seront admirés ;
Déjà tous deux sont comparés,
Et l’on ne sait qui l’on préfère.

Le cardinal affermissait
Et partageait le rang suprême
D’un maître qui le haïssait ;
Vous vengez un roi qui vous aime.
Le cardinal fut plus puissant.
Et même un peu trop redoutable :
Vous me paraissez bien plus grand,
Puisque vous êtes plus aimable.


Pardon, monseigneur, d’un si énorme bavardage ; vous avez bien autre chose à faire.