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CORRESPONDANCE.

et il a eu trop de mollesse. C’était là une occasion où il devait montrer de la fermeté.

Je vous prie de présenter mes très-humbles et très-tendres remerciements à M.  le banneret de Freudenreich, qui a bien voulu m’honorer de ses bons offices, au sujet des droits des seigneuries[1] du pays de Gex, Je ne lui écris point, de peur de le fatiguer d’une lettre inutile ; mais il agréera, avec sa bonté ordinaire, les sentiments de reconnaissance que j’aurai pour lui toute ma vie, et qui en auront plus de prix en passant par votre boucbe. Ne m’oubliez pas auprès de Mme  de Freudenreich.

On est très-content des sept articles que vous avez envoyés pour l’Encyclopédie ; je m’y attendais bien.

Adieu, mon cher ami ; quand vous viendrez me voir dans mon ermitage de Ferney, vous y trouverez des jésuites qui sont plus riches que vous, mais qui ne sont pas si savants.

Je vous embrasse. Y.


3706. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[2].
Délices, 27 novembre.

Je me ruine, je le sais bien ; mais je m’amuse. Je joue avec la vie : voilà la seule chose à quoi elle soit bonne ; et ce qui la rend encore plus agréable, ce sont des amis comme vous.


3707. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[3].
Aux Délices, le 27 novembre.

Madame, il y a trop longtemps pour mon cœur que je n’ai eu l’honneur d’écrire à Votre Altesse sérénissime. Pardonnez à la déplorable santé d’un vieux Suisse. Je n’en ai pas pris moins d’intérêt à tout ce qui vous regarde. Je demandais à tous les Allemands qui venaient dans nos montagnes, si les armées n’avaient point passé sur votre territoire, si on n’avait point fait quelque extorsion dans Altembourg, selon le nouveau droit des gens de ce temps-ci. J’ai dit cent fois : Malheureux Leipsick ! malheureux Dresde ! mais que je ne dise jamais : Malheureux Gotha ! Les succès ont donc été balancés l’année 1758, et le seront probablement encore l’année prochaine, et l’année d’après ; et

  1. Les terres de Ferney et de Tournay.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.