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Puisse madame votre femme avoir fait un heureux ! Je suis bien sûr au moins qu’elle aura fait un honnête homme et un homme d’esprit.

Toutes vos nouvelles sont aussi fausses que le beau conte qu’on faisait des catholiques qui ne voulaient point d’un catholique à Échallens[1]. Je voudrais bien que la nouvelle touchant le colonel Constant fût aussi fausse. Mille tendres respects à l’accouchée et à tous nos amis.


3186. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 15 juin.

Mon cher ange, nos amours sont furieusement traversées. Je ne pourrai, de plus de trois mois, travailler à cette tragédie[2] que vous voulez avec tant d’obstination, et que j’ai déjà esquissée pour vous plaire. Vous savez que Villars ne peut être partout. On va Imprimer une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, à la suite d’une espèce d’Histoire universelle. Je crois vous l’avoir déjà mandé. Je lis cette compilation des Mémoires de Mme  de Maintenon, et j’admire comment un homme a l’audace de publier tant de sottises, tant de mensonges et de contradictions, d’insulter tant de familles, de parler si insolemment de tout ce qu’il ignore, et comment on a la bonté de le souffrir. Il est assez singulier que cet homme soit à Paris, et que je n’y sois pas. Il a eu quelques

    à Richelieu, appelle gros diable de général au service de Hollande, avait cinq enfants, savoir :


    1° Constant d’Hermenches, appelé bel Orosmane, dans la lettre du 6 février 1757, à d’Argental ;

    2° Philippe-Germain Constant, dont il s’agit dans la lettre ci-dessus ;

    3° Juste-Louis Constant de Rebecque, mort le 3 février 1812 à Brevans près de Dôle ; père de Henri-Benjamin Constant, né à Lausanne le 25 octobre 1767 ;

    4° Samuel Constant de Rebecque, né en 1729, mort en octobre 1800 ; il était major, au service de Hollande, dans le régiment Cornabé, qu’il quitta un an après son mariage avec Charlotte Pictet, fille du professeur en droit avec lequel Voltaire fut en correspondance ; il était homme de lettres, et Benjamin Constant lui a consacré un article dans la Biographie universelle ; après son mariage on l’appela Constant-Pictet, pour le distinguer de ses autres frères ;

    5° La marquise de Gentil, qui demeurait à Mon-Repos, dans un faubourg de Lausanne, et chez laquelle Voltaire eut une salle de théâtre où il jouait avec ses acteurs de société.

    La famille Constant de Rebecque est originaire d’Aire en Artois, ou Aire-sur-la-Lys, petite ville du département du Pas-de-Calais. (Cl.)

  1. Bourg à trois lieues de Lausanne.
  2. Zulime, que l’auteur s’occupait à corriger, et dont il reparle dans sa lettre à d’Argental, du 20 décembre 1756.