Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome39.djvu/85

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Tous les nœuds, toutes les beautés
De la maison de La Vallière.
Mais, tapi dans vos voluptés,
Vous ne songez qu’à votre affaire.
Vous passez les nuits et les jours
Avec votre grosse bergère ;
Et les légitimes amours
Ne sont pas votre ministère.


Mme  Denis l’Helvétique se souvient toujours de vous avec grand plaisir, comme elle le doit. J’ai ici une paire de nièces[1] fort aimables, qui égayent ma retraite. Mon lac n’a point de vapeurs, quoi que vous en disiez. J’en ai quelquefois, mon cher abbé ; mais si vous étiez jamais capable de venir consulter M. Tronchin, quand vous serez bien épuisé, ce ne serait pas à lui, ce serait à vous que je devrais ma santé : car gaieté vaut mieux que médecine. Il est doux d’être retiré du monde, mais encore plus doux de vous voir.

Vous avez fait, mon cher abbé, une action de bon citoyen, de recommander au prône d’un avocat général les infamies de La Beaumelle. Mais ce parlement a tant grêlé sur le persil qu’il ne faut plus qu’il grêle. Une censure de ces messieurs fait seulement acheter un livre. Les libraires devraient les payer pour faire brûler tout ce qu’on imprime. Le public a plus de besoin de gens éclairés, qui fassent voir les grossières impostures dont le livre de La Beaumelle est plein ; mais il est bien honteux qu’un tel homme ait trouvé de la protection.

Adieu, très-aimable et très-indigne prêtre. Ayez toujours assez de vertu pour aimer de pauvres Suisses qui vous aiment de tout leur cœur.


3205. — À M.  DESMAHIS[2].
Aux Délices, 24 juillet.

Mon cher élève, qui valez mieux que moi, le grand Tronchin vous a donc tiré d’affaire. Il a fait revenir de plus loin une de mes nièces qui est actuellement dans mon ermitage, où je voudrais bien vous tenir ; mais les vieux oncles sont un peu plus difficiles à traiter.

  1. Mmes  Denis et de Fontaine.
  2. Joseph-François-Édouard de Corsembleu Desmahis, né à Sully-sur-Loire en 1722, est mort le 25 février 1761.