Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/130

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sade[1]. Il ne m’écrit point, et je suis persuadé que je recevrai un volume de lui sur la Chevalerie. J’ai bien peur que ses négociations parmesanes ne fassent un peu languir des traités qu’il avait entamés pour moi avec M. le comte de La Marche, notre seigneur suzerain.

Mes correspondances dans le Nord vont toujours leur train. Je suis plus content que jamais de la cour de Pétersbourg. Il nous est venu ici un petit Russe très-aimable, proche parent d’une impératrice, et qui pour cela n’en est pas plus grand seigneur. Je vous écris à bâtons rompus, comme vous voyez, ma chère nièce ; c’est que je n’ai pas dormi, et que je n’en peux plus.

Ayez grand soin de votre santé, et dites-m’en, s’il vous plaît, des nouvelles. Je vous embrasse tendrement, vous, votre famille, et vos amis. Adieu, ma chère enfant ; je vous recommande Thieriot, à qui vous devez quarante écus[2], en vertu des pactes de famille,


3870. — À M. THIERIOT.
Aux Délices, 11 juin.

Mon ancien ami, Mlle Fel[3] est chez moi avec son frère, qui est plus vieux que vous, qui a fait le voyage gaiement, et qui chante encore. Quand vous voudrez venir nous voir sans chanter, vous ne serez pas si bien reçu que chez les Montmorency ; mais


· · · · · · · · · · Oves ad flumina pavit Adonis.

(Virg., ecl. x, v. 18.)

De là je conclus que vous pouvez très-bien venir philosopher sur les bords de notre lac. J’ai la folie de faire bâtir un très-beau château ; mais ce ne sera pas là que j’aurai l’insolence de vous recevoir, mais bien dans la guinguette des Délices. Vous verrez un homme entièrement libre. Le roi m’a accordé la confirmation des privilèges de ma terre, qui la rendent entièrement indépendante. Je suis parvenu à ce que j’ai désiré toute ma vie, l’indépendance et le repos. Vous ferez fort bien de venir partager avec moi ces deux biens inestimables ; nous ajusterons ensemble l’Histoire de Pierre le Grand. Plus je vais en avant, plus je vois

  1. Il avait été nommé, au mois de mai 1759, minisire plénipotentiaire de Parme près la cour de Versailles.
  2. Voyez la lettre suivante, à Thieriot.
  3. Actrice de l’Opéra, à laquelle est adressée la lettre 3901.