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devraient vivre à la campagne ; à Épinai, madame, à Épinai. Je me flatte que l’inoculé[1] se porte mieux que vous. Nos dames vous présentent leurs obéissances.


3934. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 27 septembre.

Cette lettre vous sera rendue, mon cher et illustre confrère, par M. l’abbé de Saint-Non[2], neveu de M. de Boullongne, qui va en Italie pour y voir les chefs-d’œuvre des arts, y entendre de bonne musique, et y connaître les bouffons de toute espèce que ce pays renferme. Il passe par Genève pour aller à Rome, et, avant d’aller demander la bénédiction du pape, il souhaite recevoir la vôtre. Si feu votre ami Benoît XIV vivait encore, je vous demanderais une lettre de recommandation pour notre voyageur ; mais la philosophie a perdu jusqu’au pape. Je me borne donc à vous prier de procurer à M. l’abbé de Saint-Non tous les agréments qui dépendront de vous, parmi les hérétiques avec lesquels vous vivez. Il vous rapportera des indulgences, et vous assurera, en attendant, de toute la reconnaissance que j’aurai de ce que vous voudrez bien faire pour lui. Si vous le présentez à quelqu’un de nos sociniens honteux, gardez-vous bien de prononcer mon nom ; il est trop mal sur leurs papiers. Je crois, au reste, que notre voyageur est peu curieux de sociniens comme eux ; il leur préfère un catholique comme vous, et il va chercher à Genève ce qu’il aurait dû trouver à Paris. Adieu, mon cher philosophe, ne m’oubliez pas auprès de Mme Denis.


3935. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 1er octobre.
à mon cher ange.

Il saura que, sur ses ordres, on transcrit à force la Chevalerie, et qu’on l’enverra incessamment, comme affaire du conseil, à M. de Courteilles. Pour la Femme qui a raison, patience, s’il vous plaît ; ce serait deux femmes qui auraient raison en un jour, et c’est trop à la comédie. Pour Mme Scaliger, qui fait la troisième, elle verra qu’on a été en tous les points de l’avis de ses remontrances. Au reste, nous jouons après-demain Mérope sur mon petit

  1. Probablement le fils de Mme d’Épinai.
  2. J.-Cl. Richard, abbé de Saint-Non, petit-fils, par sa mère, du peintre Louis Boullongne, mort en 1674, était né à Paris en 1727. Reçu conseiller-clerc au parlement en 1749, il s’était lassé d’être exilé, et il venait de donner sa démission. Le pasteur Vernes, à qui J.-J. Rousseau avait aussi recommandé Saint-Non, présenta cet abbé voyageur à Voltaire. (Cl.)