Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvez-vous pas que le nom de L’Arrivée est celui d’un valet de comédie ? On dit que ce maroufle se mêle d’être persécuteur. Quand il s’agit de faire du mal, les jansénistes, les molinistes, se réunissent ; et tous les philosophes sont ou dispersés ou ennemis les uns des autres. Quels chiens de philosophes ! ils ne valent pas mieux que nos flottes, nos armées, et nos généraux. Luc se débat violemment, mais Luc périra, je vous en réponds. C’est un maître fou dangereux, et c’est bien dommage.


Suave mari magno[1]. etc.


Je finirai ma vie en me moquant d’eux tous ; mais je voudrais m’en moquer avec vous. Je vous embrasse en Confucius, en Lucrèce, en Cicéron, en Julien, en Collins, en Hume, en Shaftesbury, en Middleton, Bolingbroke, etc., etc.


3948. — À MADAME D’ÉPINAI.
Octobre.

Ma belle et chère philosophe est instamment suppliée d’envoyer chercher sur-le-champ frère Cramer, et de lui recommander frère Berthier, sans perdre un seul instant : il est vrai que frère Berthier est mort le 12, mais il a apparu le 14, et son apparition sera peut-être plus agréable que sa mort[2].

À mardi, ma belle philosophe. Oolla et Ooliba vous font mille compliments.


3949. — À MADAME D’ÉPINAI[3].

Ma très-chère philosophe, ma bien-aimée, la joie et le regret de mon cœur, mettez vite le véritable Cramer en besogne.

L’Apparition pourra bien valoir l’agonie. Petit caractère et net, afin de tenir peu de place ; le plus d’exemplaires que Cramer pourra ; le débit comme il voudra, comme vous jugerez à propos. Pourvu qu’il n’y ait point de nom d’auteur, tout va bien, tout est bon. Il faut rendre l’infâme ridicule, et ses fauteurs aussi. Il faut attaquer le monstre de tous côtés, et le chasser pour jamais de la bonne compagnie. Il n’est fait que pour mon tailleur et pour mon laquais. Ma belle philosophe, je veux voir.

  1. Voltaire ne cite pas ici plus de trois mots qui sont le commencement du second livre de Lucrèce : voyez tome XVIII, page 306.
  2. Voyez tome XXIV, pages 95-105.
  3. La copie qui m’a été communiquée de cette lettre porte, pour toute date, 1758 ; mais cette lettre parait être de 1759. (B.)