Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/278

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n’est pas croyable que cet homme ait été condamné à un bannissement perpétuel uniquement pour avoir défendu ses noix. On assure qu’il a été condamné pour des délits commis longtemps auparavant ; il est donc de votre équité et de votre intérêt, monsieur, vous qui jouissiez alors de la terre, que les frais ne soient pas exorbitants, et que la haute justice sur la Perrière soit bien constatée. En ce cas, j’y ferai mettre quatre poteaux.

Je suis honteux de vous importuner de ces minuties. Votre Salluste m’intéresse bien davantage, et la lenteur des Cramer m’étonne. J’imagine, monsieur, que vous vous êtes étendu sur l’état de la république, sur le gouvernement de la Mauritanie, sur les changements arrivés dans l’Afrique, sur l’extrême différence des peuples qui l’habitaient alors avec ceux qui la désolent de nos jours, et qui la rendent si barbare. Quelque parti que vous ayez pris, on ne peut attendre de vous que du plaisir et des instructions. Je voudrais pouvoir me rendre digne de votre confiance et de vos ordres ; vous verriez au moins par mon zèle avec quelle estime et quelle amitié respectueuse je vous suis attaché. V.


4014. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
2 janvier 1760.

Madame, je reçois dans ce moment, à midi, un instant avant que la poste parte, la lettre dont Votre Altesse sérénissime m’honore, en date du 24 décembre ; mais le paquet qu’elle daigna m’envoyer, le samedi 22, ne m’est point parvenu. Votre Altesse sérénissime a la bonté de me dire qu’elle a dépêché ce paquet assez gros sous le couvert connu : est-ce par un banquier de Francfort ? est-ce par M. de Valdener ? Enfin, madame, je n’ai point ce paquet, qui contenait les précieux témoignages de vos bontés. Je vous avoue que je suis au désespoir. Il n’y a que le bonheur de venir vous faire ma cour qui puisse consoler ce pauvre Suisse V., qui vous sera attaché jusqu’au tombeau avec le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.