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celles de Gusman, d’un jupon à falbalas, de plumes et d’un habit à l’espagnole. Je devrais bien être le souffleur, ce rôle me conviendrait mieux que celui que je fais je ne sais comment. J’ai de la peine avec la coquette ; je sais bien qu’elle est faite pour séduire, et qu’avec tant de beauté on n’attend pas d’elle beaucoup de bonne foi. Je souhaite qu’on respecte ses caprices, et qu’elle ne s’en repente pas : pour moi, j’aurai toujours beaucoup de respect pour les belles, et, tout vieux que je suis, j’aime encore mieux en parler que des horreurs de la guerre et des tigres de l’espèce mâle qui se déchirent dans les glaces.

On a imprimé, madame, les Poésies du philosophe de Sans-Souci. Je n’ai pu encore parvenir à en avoir un exemplaire. Il serait plaisant qu’il eût fait imprimer ses vers pour en faire présent à M. de Daun[1]. Je crois que ces poésies seront mises à Rome à l’index.

Daignez agréer, madame, toujours le profond respect du Suisse V.


4036. — À M. LE COMTE ALGAROTTI[2].
Aux Délices, 27 janvier.

Eurika ! Eurika ! L’ho ricevuto al fine questo prezioso ornamento della mia libreria. Ne ringrazio vivamente il caro autore, e perdono al Pasquali, non lo chiamero più briccone. Leggo la vostra raccolta con summo piacere ; spasseggio tra una bella selva rapiena d’alti alberi, di grati arboscelli, e di frutti e di fiori. Ma veramente credo che l’italia abbia ripigliato la sua antica precedenza sopra di noi, poverini che andiamo adesso guazzando nel fango, senza genio, senza gusto, e senza denari[3]. Mais en récompense on nous frotte sur terre et sur mer, et on nous refuse les sacrements in acticulo mortis[4], et hoc præcipue est korrendum. Intérim enjoy your liberty, your pleasures. On vend à présent les Poésies du philosophe de Sans-Souci ; elles sont à l’index.

Vice memor nostri.

  1. Souvent vainqueur de Frédéric.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Traduction ; J’ai trouvé ! J’ai trouvé ! Je l’ai enfin reçu, ce précieux ornement de ma bibliothèque. J’en remercie vivement le cher auteur, et je pardonne à Pasqual, je ne l’appellerai plus coquin. Je lis votre recueil avec un souverain plaisir ; je me promène dans une belle forêt pleine de grands arbres, de charmants arbustes, de fruits et de fleurs. En vérité, je crois que l’Italie a repris son antique supériorité sur nous, pauvres qui maintenant nous roulons dans la fange, sans génie, sans goût et sans argent.
  4. Voyez le chapitre xxvi du Précis du Siècle de Louis XV.