Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/320

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pourrait faire serait un traité de paix, car bientôt on n’aura pas plus de chemises à Paris qu’à Berlin. On nous fait vendre les nôtres avec notre vaisselle pour faire la campagne. On dit que nous renonçons à la marine pour porter le ravage sur terre. J’ignore si votre nouveau voisin, le landgrave catholique[1], est toujours prisonnier gouverneur à Magdebourg. C’est encore là un nouveau sujet de noise.

Mais, madame, ce n’est pas à moi de me mêler des affaires de vous autres princes ; je ne dois penser qu’à Mlle  Pertriset et à son mariage. J’eus l’honneur de lui écrire, il y a huit ou dix jours, et je lui demandai sa protection auprès de Votre Altesse sérénissime.


4054. — À M.  LE PRÉSIDENT DE BROSSES[2].
20 février.

Je me hâte, monsieur, de vous remercier de toutes vos bontés et de toutes vos judicieuses réflexions. Ce qui concerne les fêtes, inventées par les cabaretiers et les filles, n’était qu’une consultation à laquelle vous avez très-bien répondu. Il est triste qu’un parlement ne soit pas le maître de la police, et qu’il soit de droit divin de s’enivrer et de gagner… le jour de Saint-Simon, Saint-Jude et Saint-André. Je sais que les curés ont le droit arbitraire de permettre qu’on recueille et qu’on ensemence ; il est bien plaisant que cela dépende de leur volonté. Le curé de Ferney est fâché de n’avoir pu m’enlever encore mes dîmes inféodées. Mes domestiques sont suisses et huguenots ; mon évêque, savoyard[3] : je ferai avec eux tout ce que je pourrai.

Quant à la Perrière, je demande simplement qu’on me signifie un titre, un exemple[4]. Je ne fais point de procès : je demande qu’on me mette en possession de cette justice en vertu de laquelle on me demande de l’argent. J’offre l’argent ; je présente seulement requête pour avoir une quittance. Est-il possible qu’on soit seigneur haut-justicier sans titre, et qu’on vienne saisir mes bestiaux sans aucune allégation ?

Vous me parlez, monsieur, d’une déclaration d’un nommé

  1. Le landgrave de Hesse-Cassel.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — Cette lettre ne se trouve pas dans la correspondance publiée par M.  Foisset.
  3. Biort.
  4. On voulait faire payer à Voltaire, comme seigneur haut-justicier de la Perrière, les frais d’un procès fait à un paysan nommé Panchaud.