Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/337

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Les faibles ouvrages qui ont pu échapper à mon loisir et à l’inutilité dont j’ai toujours été dans le monde méritent peu d’être honorés de ses regards. Je ne dois sans doute qu’à vous, monsieur, cette bonté de Son Altesse sérénissime. Recevez-en mes remerciements. Le parti de la retraite, que j’ai pris, ne me rend point insensible à l’honneur que vous me faites.

Je ne suis depuis cinq ans qu’un laboureur et un jardinier ; mais, quoique je ne sacrifie plus qu’à Cérés et à Pomone, votre commerce me ferait encore aimer les muses. Je me souviens avec plaisir de mes premières passions quand elles sont justifiées par votre exemple. Un commerce tel que le vôtre me serait bien précieux. S’il vous prenait envie de m’envoyer quelque chose, soit de vous, soit de vos amis, je vous prierais de vouloir bien adresser les paquets sous l’enveloppe de M.  de Chenevières, premier commis de la guerre, à Versailles.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec l’estime que vous m’inspirez et les sentiments que je vous dois, etc.


4069. — À M.  DE LA TOURRETTE[1].
Aux Délices, 10 mars.

J’ai l’honneur, monsieur, de vous envoyer une lettre de M.  Bertrand, qui cultive comme vous l’histoire naturelle. Cette histoire vaut bien celle des hommes, qui, pour la plupart, sont peu naturels, et qui, lorsqu’ils suivent la pure nature, sont pour la plupart de fort vilaines gens, quoi qu’en dise Rousseau.

Je ne sais si M.  de Bonneville est un vilain homme, mais je ne puis croire que ce soit pour les vers du roi de Prusse qu’il soit à Pierre-Encise dans un caveau. Je soupçonne que c’est pour de la prose ; c’est tout ce que je veux savoir. C’est peut-être une grande indiscrétion de ma part ; mais je vous jure que je serai secret, et que je vous aurai une très-grande obligation.

Mme  Denis vous fait mille compliments, aussi bien qu’a toute votre famille. De tout mon cœur votre très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Voyez, sur ce correspondant, la note 2 ; de la page suivante.