Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/402

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gaiement une petite aventure qu’il a prise sérieusement par bonté pour moi.

Au reste, il est bon que ces pauvres philosophes s’aident mutuellement, comme les premiers chrétiens priaient Dieu les uns pour les autres.

Quoi ! vous perdez les yeux comme moi : cela n’est pas juste. Attendez au moins encore soixante ans pour que vos armes se rouillent.

J’obéis à vos ordres. Je vous souhaite des plaisirs sans privations. Qui mérite plus que vous d’être heureuse ?


4127. — À MADAME D’ÉPINAI.
19 mai.

Ma belle philosophe, les Qui et les Quoi, qu’on m’envoie, m’ont amusé ; il faut rire de tout ; il n’y a que ce parti-là de bon. On parle des Si, des Mais, et des Pourquoi ; il faut que quelque bonne âme fasse les Comment.

La comédie contre les philosophes a donc réussi. Eh bien ! ils en seront plus philosophes. Qu’est-ce qu’une comédie intitulée le Café[1], et une Relation du Voyage de frère Garassise[2] ?

Où est ma belle philosophe ? Où est le prophète ?

Mille tendres respects.


4128. — À M.  THIERIOT[3].
19 mai.

Je prie mon ancien ami de me faire avoir les Si, et les Mais, et les Pourquoi. Cela pourra faire un petit recueil à faire pouffer de rire ; on m’a envoyé les Qui et les Quoi. J’ignore quelle est la bonne âme qui a vengé ainsi les pauvres philosophes. Je leur conseille à tous de prendre de ma recette, de se moquer de leurs ennemis. Ce monde est une guerre ; celui qui rit aux dépens des autres est victorieux.

Venez passer un été et un automne dans le pays de la liberté : il faut voir ses amis avant de mourir, car après il n’y a pas moyen.

  1. L’Ecossaise.
  2. Voyez tome XXIV, page 105.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.