Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome40.djvu/464

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Il me semble que Diderot doit compter sur la pluralité des suffrages ; et si, après son élection, les Anitus et les Alélitus font quelques démarches contre lui auprès du roi, il sera très-aisé à Socrate de détruire leurs batteries en désavouant ce qu’on lui impute, et en protestant qu’il est aussi bon chrétien que moi.

M.  le duc de Choiseul dit que vous ne l’aimez plus ; vous l’avez donc bien grondé. Imposez-lui pour pénitence de faire entrer Diderot à l’Académie. Il faudrait qu’il daignât en être lui-même, et introduire Diderot : ce serait Périclès qui mènerait Socrate.

Il me reste encore un Russe ; je vous l’envoie. Mais pourquoi n’imprime-t-on pas à Paris ces choses honnêtes, tandis qu’on imprime des Fréronades et des Pompignades ?

Voulez-vous avoir la bonté de donner l’incluse[1] à l’ambassadeur de Francfort ? Il est ambassadeur d’une fichue ville. Je le barrerai dans ses négociations, mais ce ne sera pas dans celle de faire recevoir Diderot chez les Quarante.


4181. — À M.  DAMILAVILLE[2].
11 juillet.

La personne, monsieur, à qui vous avez écrit une lettre sans date, et à qui vous avez eu la bonté d’envoyer les pièces ci-jointes, a l’honneur de vous les renvoyer, comme vous le lui avez expressément recommandé. Elle pense absolument comme vous sur toutes les affaires dont vous lui parlez, excepté sur les louanges que vous lui donnez. La multitude des affaires du bureau et une assez mauvaise santé ne me permettent pas une lettre fort longue ; on est très-sensible à votre politesse.

Trouvez bon qu’on supprime une signature inutile : il faut dérouter les curieux.


4182. — À M.  COLINI.
Au château de Tournay, 11 juillet.

Caro Colini, sapete bene che, in punto di dedicazioni[3], la brevità è la prima virtù. Mandate mela, e vene dirô il mio parere.

  1. La lettre suivante à Damilaville, que Voltaire avait adressée à Grimm.
  2. Étienne-Noël Damilaville, né à Paris le 21 novembre 1723, mort le 13 décembre 1768.
  3. Colini, songeant alors à publier son Discours sur l’Histoire d’Allemagne, qui parut à Manheim en 1761, voulait dédier cet ouvrage à Marie-Élisabeth, électrice palatine (née en 1721), et il consultait Voltaire relativement à sa dédicace. (Cl.)