répond à ce qu’il a dit de moi dans la Vanité, en se servant de ma juste humilité pour m’humilier.
En deux mois voulez-vous connaître
Le rimeur dijonais et le parisien ?
Le premier ne fut rien, ni ne voulu rien être ;
L’autre voulut tout être, et ne fut presque rien.
On nous a bien dit, que Voltaire
Ne fut jamais qu’un plagiaire.
Admirez le tour du larron :
Le trait même dont il égorge,
Ou prétend égorger Piron,
Il le lui vole dans sa forge.
Êtes-vous content, monsieur ? En voilà plus que vous n’en demandez ; plus peut-être que je ne vous en devais dire, mais moins mille fois qu’il ne m’en reste à penser. Voilà une vilaine et scandaleuse guerre allumée. Si les puissances belligérantes étaient de mon humeur, il n’y aurait qu’à rire, et qu’à bien rire même. La matière est belle de part et d’autre ; mais au lieu de se chatouiller, c’est à qui s’enfoncera les plus gros coups de pied dans le ventre. Ne paraît-il pas encore une lettre à Pompignan plus ridicule que son mémoire présenté au roi ? et une héroïde où Palissot est nommé vil opprobre ? Et puis vantons-nous d’être de beaux esprits !
On n’a pas plus tôt appris une bonne nouvelles[1], madame, que vingt mauvaises viennent l’effacer. Est-il vrai que la discorde[2] est dans notre armée, pour nous achever de peindre ? On m’avait dit que la moitié de Dresde était réduite en cendres ; heureusement il n’y a eu que les faubourgs de saccagés.
Où est monsieur votre fils ? Vous savez combien je m’intéresse à lui. Puissent nos sottises ne lui être pas funestes ! J’ai encore l’espérance d’être chez vous à la fin de septembre. Je voudrais, madame, vous engager dans une infidélité. Je veux vous pro-