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On prétend, madame, que la princesse votre fille fera le bonheur d’un prince d’Angleterre ; c’est assurément le plus beau présent qu’on puisse faire à cette nation.

Je n’écris plus au roi de Prusse ; je renonce à lui. Il n’a que de l’esprit et de l’ambition ; il ne m’aidera ni à vivre, ni à mourir. À mon âge, on ne doit s’attacher qu’à un cœur comme le vôtre : je trouve en vous tout ce que je désire en lui ; s’il eût eu vos vertus, je l’aurais adoré.

Je ne fatigue point cette fois-ci Votre Altesse sérénissime d’une lettre pour Mme de Bassevitz ; je ne veux d’autre consolation dans mes souffrances que celle de vous ouvrir mon cœur, et de mettre aux pieds de Votre Altesse sérénissime mes vœux ardents pour elle et pour toute votre auguste famille.


Le vieux Suisse V.

4451. — À M. FABRY[1].
Aux Délices, 5 février.

Monsieur, si le vent est moins violent dimanche, je vous prie à dîner à deux heures précises ; nous viendrons à Ferney exprès pour vous. Vous ne devez pas douter de mon amitié, et je compte sur la vôtre. L’affaire du marais sera très-aisée à arranger. Elle est très-importante. Mon malheureux parent[2], qui est paralytique depuis un an, ne l’est que pour être allé à la chasse auprès de ce marais pernicieux. On a enterré, il y a un mois, à Ferney, un jeune homme que la même cause avait réduit au même état ; un de mes gens a été grièvement malade ; tous les bestiaux qui paissent auprès de ce lieu infecté sont d’une maigreur affreuse. Vous savez que le village de Magny est désert ; ce marais fait tous les jours des progrès, et s’étend jusque dans mes terres. La négligence impardonnable des habitants et des seigneurs des environs mettra enfin la contagion dans une province déjà assez malheureuse. J’en ai rendu compte à monsieur le contrôleur général, et au premier médecin du roi, qui a trouvé la chose très-sérieuse. Je vous ai demandé, monsieur, pour commissaire dans cette partie. Je suis très-persuadé que vous vous joindrez à nous avec tout le zèle que vous avez pour le bien public. Quelque parti qu’on prenne, je serai très-content, pourvu que le marais soit desséché au printemps. Tout doit être sacrifié au

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Daumart.