Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/412

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que je mets entre vos mains, madame ; celle de M. de Bussy sera plus difficile.

Vous vous plaignez de n’avoir rien qui vous occupe : occupez-vous de Pierre Corneille, il en vaut la peine par son sublime et par l’excès de ses misères.

Je vous sais bon gré, madame, de lire l’Histoire d’Angleterre par Thoiras ; vous la trouverez plus exacte, plus profonde, et plus intéressante que celle de notre insipide Daniel. Je ne pardonnerai jamais à ce jésuite d’avoir plus parlé de frère Cotton que de Henri IV, et de laisser à peine entrevoir que ce Henri IV soit un grand homme.

Si vous aimez l’histoire, je vous en enverrai une dans quelques mois[1], qui est fort insolente, et que je crois vraie d’un bout à l’autre ; mais actuellement laissez-moi avec le grand Corneille.

Je vous réitère, madame, les remerciements de ma petite élève, qui porte un si beau nom, et qui ne s’en doute pas. Je me mets aux pieds de Mme la duchesse de Luxembourg.

Adieu, madame ; vivez aussi heureuse qu’il est possible ; tolérez la vie : vous savez que peu de personnes en jouissent. Vous vous êtes accoutumée à vos privations ; vous avez des amis, vous êtes sûre que quand on vient vous voir, c’est pour vous-même. Je regretterai toujours de n’avoir point cet honneur, et je vous serai attaché bien véritablement jusqu’au dernier moment de ma vie.


4644. — À M. DUCLOS.
18 auguste.

J’ai toujours oublié, monsieur, de vous parler de la personne qui prétendait vous apporter des papiers de ma part. Je n’ai eu l’honneur de vous en adresser que par M. d’Argental. Vous avez dû recevoir l’épitre dédicatoire à la compagnie, la préface sur le Cid, les notes sur le Cid, les Horaces et Cinna. Je vous prie de communiquer le tout à M. le duc de Nivernais et à M. le président Hénault ; mais il serait plus convenable encore que le tout fût examiné à l’Académie ; vos observations feraient ma loi. Les autres pièces suivront immédiatement, et les Cramer commenceront à imprimer sans aucun délai.

Les souscriptions que nous avons suffiront pour entamer l’entreprise, en cas que nous puissions compter sur le payement

  1. La nouvelle édition de l’Essai sur l’Histoire générale.