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déjà débité cinq mille exemplaires ; Pierre le Grand et vous, vous faites sa fortune : c’est votre destinée à tous les deux de faire du bien. Mais comment puis-je continuer, si je n’ai pas le précis des négociations de ce grand homme, et la continuation du Journal ? J’ajoute que j’ai besoin de quelques éclaircissements sur le czarowitz. Je suis à vos ordres, et je vous réponds que je ne vous ferai pas attendre ; mais aidez-moi ; ne me réduisez pas à répéter les mauvaises histoires du sieur Nestesuranoi[1], et de tant d’autres. Il n’est pas dans votre caractère d’abandonner une si noble entreprise ; je suis persuadé qu’elle doit plaire à la digne fille de Pierre le Grand. Disposez de votre secrétaire, de votre partisan le plus vif, de celui qui sera toute sa vie, avec le plus tendre respect, etc.

J’ai eu l’impudence de porter chez M. de Soltikof le portrait de votre secrétaire.


4308. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL.
À Ferney, 25 octobre.

Je me mets plus que jamais aux pieds de madame Scaliger. Je ne sais si M. le Parmesan est encore à la campagne ; je prends le parti d’adresser la pièce à M. de Chauvelin ; il y a plus de deux cents vers de changés, en comparant cette leçon à celle de la première représentation. C’est sur cette dernière leçon que nous venons de la jouer, et j’ose assurer que vous seriez bien étonnée des acteurs et du parterre. Enfin, madame, je recommande à vos bontés cet ouvrage, qui est en partie le vôtre. Je vous dois, madame, ce que j’ai pu y faire de passable. Il est bien important qu’on prévienne les détestables éditions dont on me menace. Je mérite que les acteurs aient la complaisance de jouer ma pièce telle que je l’ai faite, et que Mlle Clairon ne m’immole point à ses caprices ; et vous méritez surtout qu’on fasse ce que vous voulez. Je ne demande que trois ou quatre représentations vers la Saint-Martin. Il sera nécessaire que tous les acteurs recopient leurs rôles, car il n’y en a point qui ne soit changé. J’aurai l’honneur de vous envoyer incessamment la dédicace à Mme de Pompadour ; M. de Choiseul prétend que la dédicace de Choisy[2] ne lui a pas fait tant de plaisir.

  1. Rousset de Missy.
  2. Où Louis XV avait fait construire le bâtiment appelé le Petit-Château. La chapelle du grand commun avait un tableau de sainte Clotilde par Carle Vanloo. Le peintre avait donné à la sainte la figure de Mme de Pompadour.