Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/553

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abbaye, cela est fort indifférent pour la prospérité du royaume des Francs ; mais j’estime qu’il faut que le parlement le condamne à être pendu, et que le roi lui fasse grâce. Cette humanité le fera aimer de plus en plus ; et si c’est vous, monseigneur, qui obtenez cette grâce du roi, vous serez l’idole de ces faquins de huguenots. Il est toujours bon d’avoir pour soi tout un parti.

Je joins au chiffon que j’ai l’honneur de vous écrire le chiffon de Grizel. Il faut qu’un premier gentilhomme de la chambre ait toujours un Grizel en poche, pour l’inciter doucement à protéger notre tripot dans ce monde-ci et dans l’autre.

Agréez toujours mon profond respect.


4764. — À M. D’ESPRÉMÉNIL[1].
Au château de Ferney, 29 novembre 1761.

Je vous prie de pardonner, monsieur, à mon âge, à mes maladies et à mes occupations, si je n’ai pas répondu plus tôt à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Elle m’a fait naître beaucoup d’estime pour vous, et je n’ai jamais senti si vivement l’état où me réduisent mes maladies que lorsqu’elles m’empêchaient de répondre, comme je voudrais, aux prévenances d’un homme de votre mérite. J’ai à peine un moment à moi ; mais je tiendrais tous mes moments bien employés à vous prouver combien j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


4765. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
29 novembre.

Divins anges, lisez, jugez, mais sans préjugés. Pour l’amour de Dieu, n’imaginez pas qu’une Olympie doive clabauder d’abord contre son amour pour Cassandre. Elle ne doit pas soupçonner seulement qu’elle l’aime encore, dans le moment qu’elle reconnaît sa mère. Ensuite elle doit faire soupçonner qu’elle pourrait bien l’aimer, et ce n’est qu’au dernier vers qu’elle doit avouer qu’elle l’adore : si nous sortons de ces limites, nous sommes perdus.

Vous m’avez mis des points sur des i ; vous m’avvez rabâché

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.